Culture vivrière : Une croissance modérée mais stable

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Entre 2021 et 2023, la production vivrière au Togo a progressé légèrement, passant de 6,07 millions de tonnes à 6,76 millions de tonnes. Cette progression rapportée par la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) dans son dernier rapport, représente une augmentation annuelle moyenne de 5,6 % et montre une stabilité de l’agriculture, même si cette croissance cache des réalités disparates selon les filières, dans un contexte économique mondial incertain.

Selon le rapport consulté par Focus Infos, les tubercules, à savoir le manioc et l’igname, restent les piliers de la production vivrière au Togo. La production de tubercules a connu une nouvelle croissance de 7,5% entre 2022 et 2023. La quantité produite a atteint 2 406 614 tonnes en 2023 alors qu’elle était évaluée à 2 238 529 tonnes en 2022. C’est une nouvelle progression après celle de 12% enregistrée sur la période de 2017 à 2021, avec une production passée d’environ 1 950 000 tonnes à 2 193 462 tonnes.

En tête, le manioc a enregistré une progression modérée, passant de 1,2 million de tonnes en 2021 à 1,31 million de tonnes en 2023. Cette augmentation reflète une demande en hausse pour la consommation domestique. En parallèle, l’igname, autre culture en développement, a également connu une augmentation significative. Sa production a grimpé de 9 %, atteignant 1,05 million de tonnes en 2023.

Bien qu’en pleine croissance, l’État togolais et ses partenaires devront mobiliser 2,34 milliards FCFA pour renforcer la filière qui inclut notamment le manioc, l’igname, le taro et la patate douce, sur les cinq prochaines années. De fait, un Plan d’Action d’Investissement de la Filière Plantes à Racines et Tubercules (PRT) 2024-2028, a été développé depuis juillet 2023 par le Ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et du Développement Rural en collaboration avec le Conseil Interprofessionnel de la Filière Plantes à Racines et Tubercules (CIF PRT).

Les céréales, moteur de la croissance

Le dynamisme le plus notable vient des céréales, particulièrement le maïs, qui est une denrée de base au Togo. De 929 000 tonnes en 2021, la production de maïs a bondi à 1,06 million de tonnes en 2023, soit une augmentation de près de 14 % sur cette période.

Ce progrès confirme l’importance de cette culture, tant pour la consommation intérieure que pour son potentiel à renforcer la sécurité alimentaire du pays.
Les céréales traditionnelles comme le mil et le sorgho ne sont pas en reste. Avec une augmentation annuelle moyenne de 13 %, elles atteignent ensemble une production de 344 700 tonnes en 2023.

Cette progression s’inscrit dans la stratégie du gouvernement visant à diversifier la production et à réduire la dépendance aux importations alimentaires.

Des légumineuses en pleine expansion

Les légumineuses, bien que moins mises en avant, apportent également leur contribution à cette croissance. Le haricot et le niébé, deux cultures largement répandues dans les zones rurales, ont enregistré une progression de 10 % en trois ans, portant leur production à 234 500 tonnes en 2023.

Cette performance, plus modeste que celle des céréales ou des tubercules, témoigne toutefois de l’importance croissante de ces cultures pour l’économie agricole locale.

Le riz paddy, quant à lui, affiche une progression remarquable de 12,5 % sur la période, atteignant une production de 186 300 tonnes en 2023. Bien que la production de cette filière reste loin de la couverture du besoin national, elle contribue à accroître l’autosuffisance alimentaire, assure-t-on.

Les bons points et les défis

Selon le rapport de la BCEAO consulté par votre journal Focus Infos, une proportion d’environ 40 % de la production totale est classée dans la catégorie «autres», qui englobe une variété de cultures moins dominantes mais non moins essentielles. En trois ans, cette catégorie est passée de 2,29 millions de tonnes à 2,58 millions de tonnes, enregistrant une augmentation annuelle moyenne de 12 %.

Bien que ces chiffres soient encourageants, plusieurs défis demeurent pour pérenniser cette dynamique. On note les aléas climatiques, en particulier la variabilité des précipitations, qui continuent de représenter un risque important pour les agriculteurs.

Aussi, l’accès limité aux intrants agricoles de qualité, tels que les engrais et les semences améliorées, ainsi que le manque d’infrastructures de stockage et de transformation, freinent l’expansion rapide de certaines filières.

En dépit de ces défis, la production vivrière togolaise affiche une résilience notable, conclut la BCEAO dans son rapport. « La croissance régulière des tubercules, des céréales et des légumineuses témoigne des efforts continus des producteurs locaux et du gouvernement pour renforcer la sécurité alimentaire et diversifier l’économie agricole.
Toutefois, pour maintenir cette trajectoire, d’importants investissements dans l’agriculture, l’innovation et l’adaptation au changement climatique seront indispensables dans les années à venir ».