Sauf improbable retournement de dernière minute, les élections législatives se dérouleront bien le 20 décembre prochain. Ainsi l’a encore assuré il y a quelques heures à la presse, Gilbert Bawara, ministre de la Fonction publique, et malgré l’opposition de la C14 qui menace de les empêcher. Dans ce contexte, quels peuvent être les enjeux de ce scrutin ? Eléments de réponse.
En l’absence de la C14, ce sont les chiffres de la participation qui seront les plus scrutés ; aussi bien par ceux qui ont adhéré au processus, que par ceux qui l’ont boycotté. Le taux de participation sera donc le principal enjeu de ce scrutin. En 2013, il était de 66,06%, loin des 81% de 2007 dans un contexte il est vrai, plus consensuel ; les élections de cette année-là faisaient suite à l’Accord Politique Global (APG). Une faible mobilisation des électeurs sera considérée par les opposants comme la manifestation du rejet du scrutin par les Togolais. A l’inverse, un bon niveau de participation légitimerait davantage le processus. Le nombre d’inscrits qui a dépassé la barre des 3 millions malgré l’appel au boycott de la C14 peut être un indicateur de l’issue de la bataille qui va s’ouvrir au lendemain du scrutin, même s’il serait hasardeux de parier que tous les inscrits se déplaceraient le jour du vote.
Dans ce contexte où une partie des électeurs même inscrits, ne se reconnaîtrait sans doute pas dans l’offre politique en course, et en considérant que les législatives mobilisent moins que les présidentielles surtout lorsqu’elles sont organisées dans un environnement conflictuel, un taux de participation à partir de 45%, serait plutôt une bonne nouvelle pour le pouvoir.
Transparente et démocratique
L’autre enjeu des élections du 20 décembre est celui de l’organisation. A part quelques écueils liés à la logistique et inhérents à tout processus de cette importance et de cette taille, qui plus est dans des pays économiquement encore fragiles, le Togo réussit plutôt très bien l’organisation matérielle des élections. Les critiques portent le plus souvent sur le caractère transparent et démocratique des scrutins. Pour ceux-ci, l’absence de la C14 n’enlève en rien à la légitimité de l’assemblée nationale qui va en être issue. Au surplus, les caractères de transparence et d’équité d’une élection ne sont pas liés au profil des personnes qui y participent, mais davantage aux conditions de son organisation. Pas plus que la présence ou non d’un tel ou tel acteur, ne constitue un indicateur de qualité. Le défi de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) sera donc de réussir le pari d’une élection, considérée par les différents observateurs, notamment de la Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), comme conforme aux standards, normes et pratiques internationaux.
Apaisé et sans violences
La C14 a été claire et l’a moult fois répété : il ne s’agit pas pour elle de boycotter les élections, mais plutôt de les empêcher. De fait, les risques que se forment, y compris le jour du scrutin, des théâtres d’affrontements et de violences sont réels. D’autant plus que le seul moyen pour la coalition de faire reporter le scrutin, est d’émouvoir la communauté internationale en exposant des images de morts et de blessés. Visiblement, c’est le choix qu’elle a fait ; ce qui rend le risque de violences encore plus important.
Le gouvernement aura donc la responsabilité, tout en assurant le bon déroulement du scrutin à jour et en heure et en s’assurant que force reste à la loi, d’obliger les forces de défense et de sécurité à la retenue et à la mesure dans le maintien de l’ordre. En clair, faire preuve de professionnalisme et garder la tête froide dans une situation qui peut être très tendue. Le prochain scrutin sera en effet également jugé à l’aune de son caractère apaisé et sans violences.