VTC : Yango toujours active malgré la suspension

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Depuis le 17 octobre 2024, les autorités togolaises ont suspendu les activités de transport public opérées par Yango, une plateforme numérique détenue par le géant russe Yandex. En cause, un démarrage desdites activités, en toute méconnaissance des procédures administratives nécessaires. En dépit de cette suspension, la plateforme reste opérationnelle.

Le ministère togolais des Transports a précisé, dans un communiqué daté du 17 octobre 2024, que Yango avait lancé ses opérations sans obtenir les autorisations préalables requises.

Parmi ces exigences, la nécessité de se doter d’une licence de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), de s’enregistrer auprès des services fiscaux, et d’ouvrir un compte bancaire local.

Ces omissions ont été perçues comme une menace potentielle pour la sécurité des utilisateurs, selon le gouvernement.
Les autorités reprochent donc à Yango une entrée en activité sans un alignement sur le cadre juridique. Cette situation contraste avec celle de ses concurrents locaux, comme Gozem et BKG Speed, qui respectent ces réglementations.

Illégalité confirmée

Les autorités togolaises ne sont pas les seules à pointer du doigt l’illégalité des opérations de Yango. Selon nos investigations menées, les contacts locaux de la plateforme sont restés inaccessibles et aucune trace de la société n’a été trouvée dans les registres des entreprises formelles du Togo, notamment du Centre de formalité de création des entreprises (CFE).

En outre, Yango ne propose pas de service de paiement mobile via les plateformes locales comme T-money et Flooz, contrairement à ses concurrents.

Un autre aspect préoccupant est l’absence de support client fiable. Dans une récente situation de conflit avec un client, un chauffeur Yango a sollicité un représentant de l’entreprise, mais la personne chargée de répondre était une étudiante travaillant à distance. Celle-ci n’a d’ailleurs pas réussi à apporter la solution au quiproquo entre le conducteur et le client. Ce qui montre une organisation peu rigoureuse de la branche togolaise du géant russe.

Un service abordable malgré tout

Yango aura toutefois réussi à attirer de nombreux utilisateurs grâce à ses tarifs jugés très compétitifs.

Pour une distance de 10 kilomètres, Yango facture entre 1 000 et 1 200 FCFA, soit bien en dessous des prix de Gozem, qui se situent entre 1 600 et 1 800 FCFA pour la même distance. Cet avantage tarifaire a suscité des plaintes de la part des chauffeurs de Gozem, qui dénoncent une concurrence déloyale.

Ces derniers, pour tirer profit de leur activité travailleraient finalement à la fois pour Gozem et Yango, d’après certains témoignages recueillis.
Cette situation, selon un employé de Gozem, crée un réel manque à gagner pour la société.

« Yango non seulement casse les prix, mais aussi utilise nos chauffeurs pour mener ses activités. C’est inadmissible », dénonce-t-il avant de prévenir que Gozem mobilisera toutes ses ressources pour mettre fin à ce procédé avantageux pour les conducteurs et les clients.

Toutefois, bien que les véhicules de Yango circulent abondamment à Lomé, ils restent difficilement identifiables. Cela soulève par ailleurs des questions sur la régularité des véhicules et la transparence des opérations.

Et de deux sur le continent africain !

Yango n’en est pas à sa première controverse en Afrique. Présente dans 13 pays africains depuis 2018, notamment en Côte d’Ivoire, la plateforme avait déjà été suspendue au Cameroun en 2023 pour des raisons similaires.

Dans ce pays, la suspension faisait suite à des soupçons de non-respect des réglementations locales en matière de transport. Cependant, l’entreprise avait été autorisée à reprendre ses activités plus tard, après avoir corrigé les irrégularités.

Cette situation laisse présager que Yango pourrait chercher à se conformer aux réglementations togolaises dans un futur proche, comme ce fut le cas au Cameroun.

Alors que l’opérateur est dans le viseur des autorités, ses activités opérationnelles se poursuivent étrangement sur le terrain.

Selon un chauffeur de Yango, les responsables de la société n’auraient pas reçu de façon formelle et officielle la décision de suspension de leurs activités.