Le sujet a défrayé la chronique. Encore. Peut-être parce qu’on n’en a pas suffisamment parlé ou simplement parce qu’à ce jour, même si peu de réticences voire oppositions peinent à s’exprimer de but en blanc contre l’idée, une Afrique représentée au Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU) n’est pas à inscrire au chapitre des priorités de certaines puissances.
De fait, alors que le Proche-Orient est en proie à une guerre qui est en train, progressivement de virer vers la totale, Israël déployant son infanterie (Armée de terre) au Sud-Liban après l’élimination des leaders du Hezbollah, Hassan Nasrallah et consorts, et que la fin de « l’opération russe en Ukraine » prend des allures incertaines, remettre au goût du jour cette demande formulée naguère par les Etats africains, pouvait sembler totalement à rebours des véritables préoccupations mondiales. Qu’à cela ne tienne !
Il est tout autant évident que l’occasion ne sera jamais toute propice pour des débats autour de ce que certains pourraient considérer comme une question de prestige pour le continent africain mais qui n’est en réalité, ni plus ni moins qu’une question existentielle pour une partie du monde qui compte 1 501 372 916 habitants et qui n’a presque jamais eu de voix au chapitre dans le concert des nations.
En tout état de cause, évoquer la question de représentativité de l’Afrique dans le Conseil de Sécurité des Nations Unies à la faveur du Sommet de l’Avenir qui a eu lieu les 22 et 23 septembre 2024 à New York, en marge de la 79ème session de l’Assemblée Générale des Nations Unies, était d’une dextérité inouïe. Provoquer un brainstorming sur le multilatéralisme afin d’en faire une réalité vivante, au-delà de déclarations d’intentions ou de litanies de principes ineffectifs ainsi que sur une refonte de la gouvernance mondiale, était sans doute le meilleur canal pour susciter le débat.
Au-delà de tout clivage et de l’instinct grégaire propre aux occidentaux, c’est donc de bon aloi que les Etats-Unis d’Amérique ont appuyé la demande maintes fois réitérée de places pour les Africains au Conseil de Sécurité de l’ONU. Car, si, en théorie tous les Etats sont égaux, au nom de quoi une poignée s’arrogerait le droit sinon le pouvoir de décider pour tous les autres, privant ces derniers de toute participation à la prise de ces décisions qui, pourtant, les engagent au plus haut point ? « Placer la sécurité mondiale entre les mains de quelques pays, alors que la grande majorité subit les conséquences de ces actes », relève d’une injustice, disons plutôt d’une inconséquence notoire. Encore que, – ce n’est point une hypothèse -, le maniement de cette arme par les Super Puissances mondiales a laissé des stigmates aux quatre coins de l’univers…de la Syrie à l’Afghanistan, en passant par la Libye et autres.
Accorder deux sièges permanents voire plus au continent africain au Conseil de Sécurité de l’ONU, ne serait pas seulement faire droit à une revendication de longue date. Ce serait surtout « remédier » à une injustice historique que constitue le manque de représentation permanente de l’Afrique au Conseil de sécurité de l’ONU. Et si le Conseil de Sécurité de l’ONU, une institutionnalisation de fait du gouvernement mondial, a fini par transformer les enjeux mondiaux en des jeux d’intérêt, chaque partie usant à loisir de son droit de véto, il est difficile de voir en quoi l’attribution de sièges supplémentaires dans le « Saint des Saints » à des parties du monde privées de toute représentativité là, ferait plus de mal. Ce ne peut être qu’une question de justice dans les réformes en cours des Nations unies”. Encore que…pour arriver à l’effectivité de cette réforme, demain ne semble pas la veille. Car « Toute modification de la composition du Conseil nécessite un amendement à la Charte fondatrice de l’ONU, qui doit être approuvé et ratifié par les deux tiers de l’Assemblée générale, y compris les cinq membres permanents actuels disposant d’un droit de veto ». Et si par extraordinaire, l’Afrique remportait ce combat, l’autre défi serait de lutter pour avoir au moins un droit de véto. Et, ça, c’est vraiment une autre paire de manches.