La société AMINA l’une des premières à s’être installée depuis 30 ans dans la Zone franche industrielle de Lomé, a licencié la semaine dernière plus de 2000 de ses salariés. Raison officielle : refus d’exécution d’obligations professionnelles et contractuelles et insubordination. Sans surprise, les concernés contestent ces motivations et crient au scandale.
Parlons-en! Une chronique de Jean-Paul AGBOH AHOUELETE
De fait, quel qu’en soit le fondement, et sans prendre position sur le fond dans ce conflit social, ni préjuger de l’issue des procédures à venir immanquablement, l’on ne pourrait ni ne devrait regarder ailleurs quand deux milliers de personnes perdent leur emploi dans la sinistrose actuelle, conséquence d’une pandémie au long cours.
En effet, le licenciement d’un nombre aussi important de salariés lorsqu’il est rapporté à la taille du marché de l’emploi dans notre pays et en lien avec la population active, ne saurait être considéré comme un fait divers, ne devant susciter davantage de commentaires ni de désapprobation. Plus de 2000 salariés, c’est plus que la moitié des ressources humaines de la société chinoise.
C’est aussi environ 10% du nombre total d’employés dans toute la Zone franche industrielle. A titre de comparaison, c’est également comme si l’ensemble des sociétés adhérents de l’Association des Grandes Entreprises du Togo (AGET) se séparaient de 20% de leurs salariés. Excusez du peu. Et ceci dans un contexte socioéconomique rendu difficile et extrêmement volatile, en dépit des perspectives d’une reprise.
De fait, les autorités devraient s’impliquer dans la gestion et la résolution de cette énième crise que vit cette entreprise productrice de mèches artificielles. Avec comme objectif à court terme, la préservation de l’emploi, sans préjudices bien évidemment des intérêts de la société. Les grèves et autres débrayages y sont si légion qu’ils doivent être autre chose que de simples mouvements d’humeur ou relever de caprices de syndicalistes radicalisés.
L’occasion est offerte d’une part pour s’interroger sur les conditions de travail des salariés qui ont égrené une longue liste de revendications au soutien de leurs actions ; et d’autre part pour conclure un new deal gagnant-gagnant pour les parties, afin de pacifier de façon pérenne le climat social dans cette unité.
Lorsqu’elle fut créée en 1989, la Zone franche industrielle avait pour ambition d’attirer des investisseurs étrangers et locaux en leur offrant un cadre compétitif et dérogatoire, leur garantissant les meilleures conditions pour leurs activités. Mais pas que. Il s’agissait d’en faire également un vrai bassin d’emplois. Cette dimension, trop souvent occultée, est aussi essentielle que tout le reste. A lundi prochain !
Directeur de publication de FOCUS INFOS et Editorialiste.
Diplômé de l’Ecole Supérieur de Journalisme ( ESJ) de Lille (France).