Aux grands hommes, la patrie reconnaissante

0
306

Cette devise, gravée au fronton du Panthéon, ce temple républicain qui trône au cœur de Paris et a vocation, depuis la Révolution française, à honorer de grands personnages ayant marqué l’histoire de France, est celle qui s’impose à nous naturellement avec la disparition de Mgr Yves-Nicodème Barrigah.

En effet, l’archevêque métropolitain de Lomé décédé le 04 août dernier, fait partie de cette rare race de personnages dont un pays peut s’enorgueillir : brillant, érudit et serviteur à la fois de   sa foi et de  sa nation. Sa disparition à soixante ans à peine entamés, est assurément une grande perte pour l’Eglise catholique mais aussi pour le Togo.

Le discret prélat fut une personnalité consensuelle et sans aspérités, aimé de tous les bords religieux et politiques. En témoigne le choix qui s’est porté sur lui presque sans débat et sans opposition pour diriger la Commission Vérité Justice Réconciliation (CVJR) créée par décret en février en 2009   pour faire la lumière sur les violences politiques survenues au Togo entre 1958 et 2005 et faire sortir le pays  du cycle « élection / violence / dialogue ».

En témoigne surtout, la consternation qui s’est emparée des Togolais, au-delà de leurs croyances religieuses, lorsque dimanche dernier,  ce qui n’était au départ qu’une rumeur bruissant à Lomé, fut confirmée par un communiqué de la Conférence des Evêques du Togo (CET) : le rappel à Dieu de Mgr Yves-Nicodème Barrigah, « nouvelle humainement triste et surprenante», écrivit visiblement sous le choc, Mgr Benoît Alowonou, président   de la CET.

La longue liste d’hommages qui afflue de partout et sur les réseaux sociaux pour honorer la mémoire du défunt, comme rarement une personnalité en a eu droit sur la terre de nos aïeux,  vient définitivement convaincre que le terme « illustre disparu » pour une fois, n’est pas usurpé.

De fait, il  n’aurait sans doute pas validé cette polémique nauséabonde que tentent de faire naître certains, alors que son cadavre est encore chaud,  sur les circonstances prétendument douteuses de sa mort, sur un petit air complotiste.  Car, un cercle fermé de personnes le savaient, l’archevêque de Lomé souffrait d’un mal incurable qui le rongeait depuis plusieurs mois.

On peut juste regretter  que les fidèles n’en aient pas été informés afin de le porter quotidiennement dans leurs prières. Mais cela, est une autre histoire et celle de la foi. Mgr Yves-Nicodème Anani Barrigah-Bénissan, tu as fait ta part. Requiescat in pace.