Si les Togolais retiennent leur souffle en attendant de connaître les visages devant incarner l’exécutif bicéphale consacré par la Vè République, plus précisément le Président de la République qui devra jouer un rôle honorifique et le Président du Conseil des Ministres (PCM) même si la conviction de tous est quasiment établie tout au moins sur le PCM, un constat crève pourtant les yeux, à l’issue du double scrutin législatif et régional : une redistribution des cartes s’est imposée dans le landerneau politique.
Le parti UNIR, c’est un truisme, a été impitoyable, ravageant tout sinon presque sur son passage. Ce n’est pas un débat. Mais si la formation politique portée par Faure Essozimna Gnassingbé conserve son statut de première force politique du pays, c’est le raz-de-marée qui devrait conforter les tenants du pouvoir dans une gouvernance, quasiment sans contre-pouvoir en face, qui reste la principale information.
Encore mieux qu’auparavant, le parti s’est enraciné dans le pays et n’aura comme frein à main que sa propre capacité à se remettre en cause, à s’autocritiquer et à privilégier, non des intérêts partisans, mais ceux de la nation tout entière. L’exercice faisant le maître, l’opinion sera assez alerte pour juger sur pièce cette gouvernance où de nombreuses voix s’interrogent sur le sens d’une participation de l’opposition aux travaux d’une Assemblée nationale où réduite à 5 sièges sur les 113 disponibles, elle ne saurait efficacement avoir de voix au chapitre.
A rebours du parti UNIR, l’opposition, plus émiettée, subira en son sein, de profonds remaniements avec l’ascension du parti dirigé par Aimé Gogué, l’ADDI, comme 1ère force politique de l’opposition togolaise ; le retour de l’ANC au parlement, plusieurs sièges en moins toutefois, l’arrivée historique de Brigitte Adjamagbo à l’assemblée, plus chanceuse sous les couleurs de la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP) que sous celles de la Convention Démocratique des Peuples Africains (CDPA).
Après avoir claqué la porte du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) pour créer les Forces Démocratiques pour la République (FDR), Me Dodji Apévon a réussi (enfin) cette fois-ci à avoir un siège parlementaire. A contre-courant, les partis se réclamant de l’opposition parlementaire au titre de la législature sortante, sont aux abonnés absents. Que ce soit le NET de Gerry Taama qui soit dit en passant, a annoncé son retrait de la vie politique après sa bérézina électorale, le tout dans un climat de déconfiture totale au sein de sa formation politique, le PDP d’Innocent Kagbara ou encore le MRC d’Abass Kaboua. Même le parti UFC de Gilchrist Olympio ou ce qu’il en reste après la bataille sans merci que se sont livrée les deux camps ennemis pour son contrôle, aura mordu la poussière.
Qu’importe…C’est la politique, ses succès et ses revers, diront certains. Prétendre le contraire serait difficilement soutenable à maints égards. Pour autant, même si la politique est loin d’être une science exacte, les résultats issus des dernières consultations électorales devraient faire prendre conscience à l’opposition, dans son ensemble, de ses réels problèmes d’aiguillage et de son incapacité avérée au fil des ans, à fédérer sinon à convaincre son électorat traditionnel et à prétendre grappiller sur le terrain UNIR.
En attendant le prochain rendez-vous qui, sous la Vè République, sera tout sauf une élection présidentielle, vivement que les forces qui contestent la gouvernance actuelle débusquent une alternative crédible à leurs discours et actions, afin que les élections à venir soient plus âprement disputées. De peur que disposant des coudées franches sinon trop franches, le parti au pouvoir ne finisse par tomber dans le piège de l’usure.