A pas rythmés, nous avançons vers la Vè République, voulue par le Sommet de l’Etat togolais pour faire basculer le pays dans un régime parlementaire. Avec son lot de changements tant sur la désignation des premiers responsables du pays que sur les institutions et instruments de gouvernance.
Si à rebours d’une partie de l’opposition qui pousse des cris d’orfraie, et se scandalise d’un recul démocratique, le pouvoir applaudit une évolution renforçant un ancrage démocratique, il y a tout lieu de reconnaître qu’a priori, il n’y a de régime à angéliser ni d’autres à démoniser. « Ni ange ni démon ». Tout dépend de la personnalité, de la carrure, de la bonne volonté et parfois de l’honneur de ceux qui sont appelés à mettre en mouvement le pouvoir ainsi que ses institutions.
Autant des monarchies parlementaires en ce 21ème siècle font pâlir d’envie au regard des efforts de modernisation et du chantier de développement amorcé par le roi, autant des régimes présidentiels voire présidentialisés que des régimes parlementaires rivalisent en termes de création de richesses, d’emplois et de construction. Bref dans l’art de gestion des affaires de la Cité, dans le sens du bien-être commun.
Au confluent de théories qui s’affrontent sur la légitimité ou l’aptitude de tel ou tel autre régime à créer les conditions d’un développement harmonieux des hommes et femmes composant une nation, se trouve, pour ainsi dire, la variable « hommes ». Et c’est celle-ci qui permettra, au final de trancher la question sur le bien-fondé de ce passage du Togo à la Vème République. N’en déplaise dans une certaine mesure à Barack Obama qui en son temps, a déclaré : « L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais de fortes institutions« .
Certes, cette thèse donne une résonance particulière sur un continent où les institutions étatiques sont foulées au pied, à loisir, par des hommes politiques forts, peut-être trop forts.
Serait-ce la principale raison pour laquelle le constituant de la Vème république a pris le soin de créer de nouvelles institutions ? Notamment le Sénat, la Haute Autorité pour la transparence, la lutte contre la corruption et l’intégrité de la vie publique, la refonte de la justice ordinaire et des autorités constitutionnelles indépendantes, la suppression de la Cour suprême, la mise en place du Protecteur du citoyen en lieu et place du Médiateur de la République ?
L’intérêt de toutes ces mutations et modifications, sur fond d’innovations réside principalement dans la capacité à réinventer l’art de gouverner, au-delà de la mise en place des institutions. Après la publication des listes des candidatures retenues dans le cadre des sénatoriales attendues en février prochain, il est évident que la transition vers la Vème République tire à sa fin. La deuxième chambre, le Sénat, appelée à conférer au Togo un système bicaméral, devant être composée, aux lendemains de ces élections et le processus transitoire étant censé s’achever pour une entrée dans la Vème République en mai prochain.
Mais ce sont les hommes qui font les institutions, aussi fortes qu’elles puissent paraître. Si des hommes d’Etat peuvent enraciner leur pays dans les meilleures pratiques internationales et faire le bonheur de leurs populations, d’autres peuvent paradoxalement naviguer à contre-courant.
Qui seront les premiers à animer les institutions de la Vème République ?
En tout état de cause, « il s’agit de réajuster les textes pour éviter de s’enfermer dans un carcan immuable et de s’adapter, entre autres, aux évolutions sociologiques, politiques pour proposer le passage d’un régime présidentiel au régime parlementaire afin in fine, d’apporter un nouvel élan dans la gestion de la chose publique », dixit Pacôme Adjourouvi.
Et c’est là, l’essentiel du défi : apporter un nouvel élan dans la gestion de la chose publique.
