Mystère persistant autour du nom du futur Président de la République

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Lentement mais sûrement, le basculement annoncé du Togo vers le régime parlementaire, voulu par le Sommet de l’Etat togolais, tend à se cristalliser, alors que l’échéance prévue pour la transition amorcée depuis bientôt un an, approche inexorablement.

De fait, après les premières sénatoriales remportées sans coup férir et sans surprise par le parti Union pour la République (Unir), ultra-dominateur de l’actuel Chef de l’Etat Faure Essozimna Gnassingbé, raflant au passage trente-quatre (34) des quarante-un (41) sièges à pourvoir,  écrasante victoire confirmée lundi 24 février par la Cour Constitutionnelle, il ne reste plus que trois étapes majeures : la nomination du 1/3 des sénateurs, soit 20 sénateurs qui devront compléter la composition du Sénat (61 sénateurs). La désignation du futur Président ou de la Présidente du Sénat. Et comme ultime étape de cette transition qui s’opère en douceur vers la 5ème République, la nomination du Président de la République par l’Assemblée nationale.

Si le sujet continue de tarauder les esprits voire de déchainer les passions quand bien même ce poste se résumera à inaugurer les chrysanthèmes, l’essentiel du pouvoir exécutif devant dorénavant être concentré dans les mains du Président du Conseil des Ministres (PCM), c’est d’abord à cause de toute la symbolique que cette fonction incarnera dans la conscience collective des Togolais. Ici, l’intérêt est davantage porté sur la personne qui sera désignée pour assumer cette fonction honorifique que sur l’essence du pouvoir dévolu à cette dernière.

Aussi les supputations tendent-elles à trancher l’épineuse question sur l’identité de « cet oiseau rare ». Qui sera le futur ou la future présidente du Togo, et ce, pour les six prochaines années ? Le texte de révision constitutionnelle adopté dans la nuit du 25 mars 2024 n’aménageant aucune possibilité de deuxième mandat. L’actuel Chef du gouvernement, Victoire Tomégah-Dogbé ? Un ancien Premier ministre ? Ou un visage tout nouveau ?

La question surgit chaque fois que le sort de l’actuel Premier ministre dans le dispositif de la 5ème république survient. Et ceci, d’autant plus que ce sont beaucoup de prétendants pour un poste. Car c’est un secret de Polichinelle, plusieurs personnes lorgnent cette position.

L’intérêt que porte l’opinion à cette question est par ailleurs tributaire, dans une certaine mesure du fait que sauf cataclysme politique, l’actuel chef de l’Etat, prétendant naturel au poste de Président du Conseil des Ministres (PCM), investi de l’entièreté sinon de la réalité du pouvoir exécutif, occupera le tout premier poste de Président du Conseil des Ministres…Celui-ci devant être le chef du parti majoritaire à l’Assemblée nationale, poste qui échoit jusqu’alors, à Faure Essozimna Gnassingbé. Autant dire qu’il n’y a à ce poste, ainsi que le clame le camp présidentiel, aucune compétition.

Mais en tout état de cause, l’essentiel ne devrait pas tant résider dans la nomination ou dans le nom du futur président de la République. L’essentiel, c’est que d’un régime à l’autre, on assiste à des progrès notables. Faute de quoi, l’argument d’une meilleure gouvernance des affaires de la Cité, principale motivation du changement de constitution à en croire le parti Unir, qui a botté au passage en touche, les griefs d’un bail à vie que voudrait s’offrir l’actuel chef de l’Etat, ne serait dans ce cas de figure, qu’un simple paravent.

Dans une nouvelle République où tous les leviers du pouvoir seront aux mains d’un seul parti, le risque que les fruits ne portent pas la promesse des fleurs est réel. De toute évidence, avec des marges de manœuvre quasi-illimitées, le PCM ne disposerait au niveau du parlement bicaméral, que de simples chambres d’enregistrement de ses décisions.

Gageons, ceci étant, que sa capacité à privilégier l’intérêt supérieur de ses compatriotes saura contrebalancer ses choix.