La Vème République…entre continuité et volonté de rupture

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Dans notre pays, la Vème république s’annonce, à l’analyse des décisions qui en préparent l’effectivité, comme une continuité. De toute évidence, d’une vision de gouvernance portée par Faure Essozimna Gnassingbé qui devrait, sauf cataclysme politique, être le Président du Conseil des Ministres, chargé d’assumer l’essentiel des fonctions exécutives, à côté d’un Président de la République, quasiment désinvesti.
Les figures, principaux animateurs des institutions existantes ou créées par la nouvelle république, ne laissent non plus aucune place au doute quant à la continuité d’une vision de gouvernance expérimentée depuis vingt ans, avec ses hauts et ses bas, ses + et ses -, ses bons et ses moins bons. Si le premier et principal animateur ne sera pas une figure nouvelle, les résultats des historiques élections sénatoriales et les nominations complétant la composition à 61 membres de la 2ème chambre du Parlement, et révélant une omniprésence des vieux routiers du système achèvent de convaincre de ce que la Vème république sera bel et bien aux allures du déjà-vu, du moins sous cet angle de vue.

De fait, le leadership des jeunes n’y semble pas suffisamment célébré, traduisant de manière à peine voilée, une confiance renouvelée au noyau dur, à l’épine dorsale du régime, à ceux qui ont déjà passé et réussi avec brio, leur test de fidélité et de loyauté au système. Aussi, ce peut être le signe du choix de l’expérience aux dépens des atermoiements et des balbutiements des jeunes, sinon des « non suffisamment initiés » à l’art de la gestion des affaires de la Cité.
A l’évidence, la Vème République, c’est la continuité d’un système aux racines profondes et dont les acteurs restent jusqu’à une proportion qui devrait osciller entre 90 et 95%, les mêmes. En revanche, ce sont aussi de nouvelles institutions et, gageons ceci, un engagement manifestement assumé de tourner une page de la gouvernance du pays, marquée par d’importants défis en matière de transparence et d’efficacité.
La nouvelle a créé une onde de choc dans certains milieux…plusieurs entreprises publiques devront faire l’objet d’un audit commandé par le Togo auprès du Fonds Monétaire International (FMI). Une première. Une réponse aux nombreux défis que révèle leur gouvernance, et dévoilés par des rapports de la Cour des Comptes ou encore de l’Inspection Générale d’Etat ainsi que les modestes contributions de ces entreprises au budget de l’Etat.

Les audits annoncés à la Société Nouvelle des Phosphates du Togo (SNPT), au Port Autonome de Lomé (PAL), à la Compagnie Énergie Électrique du Togo (CEET), à l’Union Togolaise de Banque (UTB), à la Togolaise des Eaux (TdE) et à la Loterie Nationale Togolaise (LONATO) pourraient passer pour être des contrôles de routine. Mais ce serait une erreur d’appréciation de la portée de cette décision. Faire intervenir les équipes du FMI dénote du sérieux attaché aux opérations commandées. Certes, l’annonce de ces audits a été faite sans tambour ni trompette, mais la proximité de ces opérations avec l’entrée imminente du Togo dans la Vème République paraît loin d’un hasard du calendrier.
En outre, si l’idée est de renforcer la transparence, l’efficacité et la gestion financière de ces entités afin de pallier les éventuelles failles de gestion, au plan législatif, un nouveau régime juridique des entreprises publiques, favorable à une meilleure gestion et à un meilleur contrôle vient d’être mis en place, tandis que le parlement donne son onction à une réforme de l’Office togolais des Recettes.

En tout état de cause, l’avancée majeure à saluer, reste une volonté assumée de rupture. Avec à la clé, des réformes majeures portant : obligation de publier des états financiers audités dans un délai de six mois après la clôture de l’exercice fiscal, établissement de critères de compétence pour les nominations aux postes stratégiques, mise en place de contrats de performance avec des objectifs précis et mesurables. Vivement, que cet esprit nouveau fasse effet boule de neige, pour une Vème république de vertus.