en RDC, l’UE dans un étrange rôle de Pompier Pyromane ?

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La prise de Goma par le Mouvement rebelle M23 en conflit avec les Forces armées de la république démocratique du Congo semble poser un épineux problème identitaire à une Europe qui s’est toujours et de tout temps montrée un solide allié et soutien au régime rwandais de Paul Kagamé, parrain incontesté de cette organisation. Accoutumée à semer désolation, ou à perpétrer viols, scènes de violences et meurtres dans des proportions insoupçonnées dans la partie Est de la République démocratique du Congo (RDC). Sans oublier les plus de 7 millions de déplacés internes, représentant le plus grand mouvement de déplacement interne au monde, selon l’Organisation des Nations Unies (ONU). Mais pas que. Cette guerre aux conséquences dévastatrices qui sévit dans le pays qui fait près des deux tiers de toute l’Europe réunie en termes de superficie, ce sont au moins 6 millions de morts dont la moitié serait constituée d’enfants, la famine, des maladies.

Loin de toute intention de transférer aux occidentaux une responsabilité qui ne devrait pas être la leur, parce que d’abord africaine, il urge de faire remonter à la surface, des éléments factuels qui établissent, – de manière irréfragable ? -, une présomption de complicité de l’Union européenne (UE) face à ce conflit qui se déroule dans une quasi-indifférence de la communauté internationale.
A l’inverse de 2012 où la réaction internationale fut déterminante, Paul Kagamé ayant été pressé de faire libérer Goma, l’UE joue depuis le début de cette nouvelle « invasion » de l’Est de la RDC sur fond de prise de Goma et de progression des troupes assaillantes vers le Sud-Kivu, un rôle d’observatrice. Des déclarations politiques de condamnation mais à l’arrivée, zéro proposition de sanction, zéro sanction. En dehors de l’Allemagne qui a suspendu ses échanges sur l’aide avec le Rwanda et du Royaume-Uni qui fait planer la menace de suspension de son aide bilatérale au Rwanda.
Entre temps, cela crève les yeux, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. De fait, la position de quasi- passivité de l’UE qui rime avec complicité ou culpabilité, se justifierait par les jeux et grands enjeux autour du contrôle des matières premières extrêmement stratégiques pour les industries de technologies dans les domaines de la téléphonie et de fabrication d’ordinateurs, notamment le cobalt et le coltan dont l’Est de la RDC détiendrait environ 60 à 80% des réserves mondiales.

En dépit des rapports d’experts des Nations Unies établissant le soutien financier, en armements même en hommes (déploiement d’environ 3000 ou 4000 militaires rwandais sur la partie du sol congolais que contrôle le M23) au groupe rebelle, l’UE semble n’avoir éprouvé aucune objection de conscience à faire du Rwanda, un allié privilégié, sous le prétexte d’une certaine lutte des forces armées rwandaises contre les mouvements islamistes au Mozambique, dans le cadre de la « European Peace Facility » (EPF). Avec à la clé des financements records à l’armée rwandaise, des promesses d’investissements de 900 millions d’euros dans le cadre du programme Global Gateway, la signature d’un accord privilégié avec le régime de Paul Kagamé sur les matières premières tout en étant consciente de ce que le pays exporte ce qu’il ne produit pas ni ne peut produire, d’avis d’experts européens et même du département d’Etat américain.
Il va sans dire que la hausse des exportations de matières premières du Rwanda est soutenue par des circuits de contrebande mis en place par le M23 qui ferait passer chaque mois, 150 tonnes de coltan vers ce pays qui, ironie du sort, est passé depuis environ trois mois, dans une relation privilégiée avec l’UE en matière de livraison de matières premières.

Hasard de calendrier ? Peu après la signature de ce protocole d’accord, le M23 prend contrôle de Goma, ville très stratégique à l’Est de la RDC et au sous-sol extrêmement fourni en minerais. A qui profite le crime ? L’UE gagnerait à gommer cette image de pompier pyromane dans ce conflit. Tout au moins, en cédant à la pression de l’opinion publique qui l’appelle à se retirer de cet accord signé avec le Rwanda.