Interview : José Kwassi SYMENOUH, candidat à la présidence de la CCI-Togo

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« Mon ambition est de faire de la CCI-Togo, un pilier essentiel du développement économique »

Après l’élection des 75 membres de l’Assemblée Consulaire de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Togo (CCI-Togo) le 30 juin dernier, le processus de mise en place du nouveau bureau de cette institution économique est en cours. En course pour la présidence de la future équipe dirigeante, José Kwassi Syménouh, Président directeur général de La Protectrice, une société de conseil et de courtage en assurance. Déjà soutenu par l’Association des Grandes Entreprises du Togo (AGET) et le Conseil National du Patronat (CNP) Togo, il partage dans cette interview exclusive accordée à FOCUS INFOS, ses ambitions pour la Chambre. Il a également présenté les moyens qu’il envisage utiliser pour dynamiser le développement économique du pays, tout en faisant valoir son engagement à collaborer étroitement avec le secteur privé pour stimuler la croissance et l’innovation.

 

FOCUS INFOS : Quelle est votre vision pour l’avenir de la chambre du commerce du Togo et quels sont les principaux objectifs que vous souhaitez atteindre durant votre mandat ?

 José Kwassi Syménouh : La CCI-Togo a été créée il y a cent ans. Mon ambition est d’en faire un pilier essentiel du développement économique du Togo, en renforçant son rôle de leader régional et en créant des opportunités durables pour les opérateurs économiques togolais.
Ma vision est de faire de la chambre du commerce du Togo un catalyseur de croissance économique, un défenseur des intérêts des entreprises, capable de soutenir et de promouvoir toutes les entreprises togolaises, grandes comme petites, pour qu’elles deviennent compétitives sur le plan international. Cette vision repose sur sept piliers fondamentaux :

  • leadership et diplomatie : Renforcer la position de la CCI-Togo en tant qu’acteur incontournable dans les négociations économiques et diplomatiques.
  • formation : Offrir des programmes de formation continue pour améliorer les compétences des entrepreneurs et des employés.
  • soutien à la production locale : Encourager et soutenir la production locale pour stimuler l’économie et réduire la dépendance aux importations.
  • tourisme et hôtellerie : Promouvoir le secteur du tourisme et de l’hôtellerie pour attirer davantage de visiteurs et investisseurs.
  • attractivité du Togo : Améliorer l’attractivité du Togo en tant que destination d’investissement par la promotion des opportunités économiques et des avantages compétitifs du pays ;
  • nouvelles technologies : Intégrer les nouvelles technologies dans les opérations de la chambre et promouvoir leur adoption par les entreprises togolaises.
  • environnement : Encourager les pratiques durables et respectueuses de l’environnement dans les activités économiques.

Ma stratégie sera basée sur la notion de service aux entreprises, sur l’utilisation des nouvelles technologies, sur la construction d’une image d’efficacité et de dynamisme bâti sur les relations avec les pays voisins notamment les pays de l’hinterland.

F.I :  Pouvez-vous nous parler de votre expérience professionnelle et de vos qualifications qui vous préparent à ce rôle ? Quelles compétences spécifiques apportez-vous à la chambre du commerce ?

JKS : Avec une carrière en droit et une expérience en enseignement à l’Université de Lomé, j’ai acquis une solide base académique. Mon expérience en tant que Directeur Général de NSIA Assurance et fondateur de La Protectrice Assurance m’a permis de développer des compétences en gestion d’entreprise et en leadership. En tant qu’ancien Président de l’Association des Grandes Entreprises du Togo (AGET), j’ai une connaissance approfondie du secteur privé togolais.

En effet, le cœur de mon expérience étant « l’entreprise», les compétences que je vais apporter découlent de ce domaine précis. Je suis créateur d’entreprises et donc d’emplois. Je connais les difficultés d’une entreprise et comment les surmonter. Voici quelques compétences spécifiques que j’apporte à la Chambre de Commerce :

  • Leadership et Gestion : Ayant dirigé des entreprises de premier plan, je possède des compétences en gestion stratégique et opérationnelle qui seront cruciales pour piloter la Chambre de Commerce.
  • Création d’Entreprises: Mon expérience en tant qu’entrepreneur me permet de comprendre les défis auxquels font face les nouvelles entreprises et de les accompagner efficacement.
  • Réseautage et Diplomatie: Mon rôle à l’AGET et mes relations avec divers acteurs économiques et politiques me permettent de naviguer efficacement dans les environnements complexes et de défendre les intérêts des entreprises togolaises.
  • Connaissance du Secteur Privé : Une connaissance approfondie des dynamiques et des besoins du secteur privé togolais, ce qui me permet de proposer des solutions adaptées et innovantes.
  • Compétences Académiques: Une base académique solide en droit, qui renforce mes capacités d’analyse et de résolution de problèmes dans un cadre réglementaire et législatif.
  • Innovation et Adaptabilité: Capacité à intégrer les nouvelles technologies et à promouvoir une culture d’innovation au sein de la Chambre de Commerce.

Ces compétences me permettent de comprendre les besoins des entreprises togolaises et de les aider à surmonter leurs défis, tout en stimulant l’innovation et la croissance économique au sein de la Chambre de Commerce du Togo.

F.I : Quels sont vos plans pour stimuler le développement économique et commercial au Togo ? Comment envisagez-vous soutenir les PME et les startups dans le pays ?

JKS : Nous avons la chance d’avoir un chef de l’Etat dont l’objectif est la paix et la stabilité. Le gouvernement travaille sur la prospérité du pays, mais c’est l’effort de tous. Le pays, dans son ensemble, doit s’orienter vers la réussite et la prospérité. Pour stimuler le développement économique et commercial au Togo, je prévois de promouvoir des partenariats public-privé, moderniser les infrastructures économiques, et encourager l’innovation.

Il est essentiel de créer un environnement propice à l’épanouissement des entreprises togolaises en simplifiant les procédures administratives, en renforçant l’environnement des affaires et en facilitant l’accès au financement.

Les PME et les startups sont les créateurs d’emplois et de richesse de demain. Elles auront toutes notre soutien en matière de formation, de gestion et d’appui administratif.

Je compte mettre en place des programmes de formation et de mentorat, travailler avec les institutions financières afin d’offrir des mécanismes de financement adaptés comme des fonds de capital-risque et des prêts à taux préférentiels, mais également créer un réseau de soutien comprenant des experts et des organisations professionnelles.

En adoptant ces mesures, nous pouvons dynamiser le tissu économique du pays et générer une croissance durable pour le bien-être de tous les Togolais.

F.I : Quelle sera votre stratégie pour renforcer les relations commerciales internationales du Togo ? Comment comptez-vous attirer des investissements étrangers ?

 JKS : La situation géographique avantageuse du Togo, avec le Port Autonome de Lomé (PAL) en tant que principal point d’entrée pour de nombreux pays de la région, présente des opportunités remarquables pour intensifier les relations commerciales internationales.

Afin de tirer le meilleur parti de ces opportunités, je vais adopter une approche proactive en matière de diplomatie économique. Nous établirons des partenariats stratégiques avec des chambres de commerce internationales, participerons à des foires et salons internationaux et organiserons des missions économiques à l’étranger pour mettre en lumière les opportunités d’affaires et d’investissement au Togo.

De plus, nous renforcerons la connectivité logistique et numérique, facilitant ainsi les échanges commerciaux et rendant le Togo plus attractif pour les investisseurs et partenaires commerciaux.

Pour attirer des investissements étrangers, je m’engage à positionner la CCI-Togo comme un acteur clé dans la promotion de l’investissement et avec l’appui des gouvernants à l’amélioration du climat des affaires.

Mon objectif principal sera, toujours avec le concours des gouvernants, de développer un code des investissements attractif, potentiellement le plus compétitif en Afrique de l’Ouest, avec des incitations fiscales avantageuses et des garanties solides pour les investisseurs.

En collaboration avec le gouvernement, nous simplifierons les procédures administratives, renforcerons la transparence et la stabilité juridique et mettrons en place des initiatives favorables aux investisseurs. Nous établirons des partenariats public-privé (PPP) pour financer des projets d’infrastructure essentiels et développer des secteurs clés tels que l’énergie, les technologies de l’information et la logistique.

De plus, nous organiserons des campagnes de promotion ciblées et des forums d’investissement pour mettre en avant les atouts du Togo et ses opportunités économiques. En créant un environnement favorable et compétitif, nous ferons du Togo une destination privilégiée pour les investissements internationaux, stimulant ainsi la croissance économique et le développement durable.

F.I : Quel rôle voyez-vous pour l’innovation et la technologie dans le développement économique du Togo ? Comment prévoyez-vous d’encourager l’adoption des technologies numériques par les entreprises locales ?

 JKS : « Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu’il ne nous prenne par la gorge». Winston Churchill.

L’innovation et la technologie jouent un rôle crucial dans le développement économique moderne et je suis convaincu qu’elles sont essentielles pour propulser le Togo vers une croissance durable et inclusive. En intégrant des technologies de pointe et en favorisant l’innovation, nous pouvons améliorer la productivité, créer de nouvelles opportunités d’emploi et augmenter la compétitivité des entreprises togolaises sur le marché mondial.

Mon objectif est de positionner le Togo comme un hub technologique en Afrique de l’Ouest, en attirant des investissements dans les secteurs technologiques et en encourageant l’innovation locale.

Pour encourager l’adoption des technologies numériques par les entreprises locales, je prévois de mettre en place plusieurs initiatives clés.

Tout d’abord, nous organiserons des ateliers et des formations pour aider les entreprises à comprendre les avantages des technologies numériques et à les intégrer dans leurs opérations quotidiennes. Ensuite, nous travaillerons avec le gouvernement pour créer des incitations fiscales et des subventions pour les entreprises qui investissent dans les technologies numériques.

De plus, nous développerons des partenariats avec des entreprises technologiques et des universités pour faciliter l’accès à des outils numériques avancés et à l’expertise technique. Enfin, nous mettrons en place des incubateurs et des accélérateurs de startups pour soutenir les entrepreneurs technologiques et favoriser l’émergence d’un écosystème d’innovation dynamique au Togo.

En adoptant cette approche, nous pouvons assurer que les entreprises togolaises sont bien équipées pour tirer parti des opportunités offertes par la transformation numérique.

F.I : Quelle est votre approche pour promouvoir des pratiques commerciales durables et responsables ? Comment comptez-vous intégrer les objectifs de développement durable dans les activités de la chambre ?

 JKS : Pour promouvoir des pratiques commerciales durables et responsables, j’intégrerai les principes de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) au cœur de notre stratégie. Nous mettrons en place des initiatives visant à encourager les entreprises membres de la chambre à adopter des pratiques respectueuses de l’environnement, socialement responsables et économiquement viables.

Cela inclura des programmes de sensibilisation sur les avantages de la durabilité, des formations sur les meilleures pratiques en matière de RSE et des outils pour mesurer et améliorer l’impact environnemental et social des entreprises. Nous collaborerons également avec des experts et des organisations spécialisées pour offrir des ressources et un soutien aux entreprises dans leur démarche de développement durable.

Pour intégrer les objectifs de développement durable (ODD) dans les activités de la chambre, nous adopterons une approche systématique en alignant nos projets et nos initiatives sur les ODD de l’ONU. Nous développerons des politiques internes qui favorisent la durabilité, telles que des pratiques d’achat responsables, une gestion efficace des ressources et des politiques de réduction des déchets.

Par ailleurs, nous soutiendrons des projets locaux qui contribuent directement aux ODD, en encourageant les partenariats avec des acteurs publics et privés.

En mettant en œuvre des actions concrètes et en favorisant l’engagement des entreprises envers des pratiques durables, nous contribuerons à créer un environnement économique plus responsable et respectueux des enjeux de développement durable.

F.I :  Quelles mesures allez-vous mettre en place pour garantir la transparence et la bonne gouvernance au sein de la chambre du commerce ? Comment allez-vous gérer les conflits d’intérêts et assurer l’intégrité des processus décisionnels ?

JKS : La transparence et la bonne gouvernance sont des priorités absolues pour moi et je m’engage à faire de la CCI-Togo un modèle d’intégrité et d’exemplarité.

Nous mettrons en place des audits réguliers et publierons des rapports annuels détaillés pour garantir une visibilité totale sur nos activités et finances. De plus, nous créerons un comité de gouvernance indépendant chargé de superviser nos pratiques internes et de veiller à ce que nous respections les normes les plus élevées en matière de transparence et de responsabilité. L’adoption d’un code d’éthique rigoureux, associé à des procédures claires de déclaration des conflits d’intérêts, sera fondamentale pour maintenir un haut niveau d’intégrité.

Pour gérer les conflits d’intérêts et assurer la rigueur des processus décisionnels, nous établirons une commission de déontologie indépendante. Cette commission sera chargée de surveiller les déclarations de conflits d’intérêts, de mener des enquêtes en cas de suspicion et de garantir que toutes les décisions soient prises dans le respect des principes éthiques.

En promouvant une culture de transparence et en intégrant des mécanismes de contrôle robustes, nous assurerons l’intégrité de nos décisions et renforcerons la confiance des membres et des partenaires de la chambre du commerce.

F.I :  Comment envisagez-vous améliorer les services offerts aux membres de la chambre du commerce ? Quels nouveaux services ou initiatives prévoyez-vous de lancer pour répondre aux besoins des entreprises locales ?

 JKS : Nous concentrerons nos efforts sur l’amélioration continue des services proposés aux membres en mettant l’accent sur la qualité et la pertinence de nos offres. Nous augmenterons l’offre de services de conseil pour aider les entreprises à surmonter les défis et à saisir les opportunités de croissance.

Nous organiserons davantage d’événements de réseautage pour favoriser les connexions entre les entreprises locales et créer des occasions de collaboration. De plus, nous faciliterons l’accès à des informations commerciales pertinentes et à jour, afin que nos membres puissent prendre des décisions éclairées.

Parmi les nouvelles initiatives, je prévois de lancer une plateforme numérique dédiée aux échanges B2B, qui permettra aux entreprises locales de se connecter plus efficacement avec des partenaires potentiels et d’accéder à de nouvelles opportunités de marché.

Nous mettrons également en place des programmes de soutien à l’exportation pour aider les entreprises à pénétrer les marchés internationaux et à développer leurs activités au-delà des frontières.

Ces initiatives visent à répondre aux besoins spécifiques de nos membres, en leur fournissant les outils et les ressources nécessaires pour croître et prospérer dans un environnement économique en constante évolution.

F.I : Quelle sera votre stratégie pour améliorer la communication entre la chambre du commerce et ses membres ? Comment comptez-vous engager davantage les membres dans les activités et les initiatives de la chambre ?

 JKS : Pour améliorer la communication entre la chambre du commerce et ses membres, nous mettrons en place une stratégie de communication dynamique et proactive.

Nous introduirons une lettre d’information mensuelle pour tenir les membres informés des actions et des projets de la CCI. Nous utiliserons également les outils numériques pour des communications régulières et efficaces, en organisant des réunions trimestrielles pour discuter des défis et des opportunités. Par ailleurs, nous établirons des canaux de feedback pour recueillir les avis et suggestions des membres afin d’ajuster nos initiatives en fonction de leurs besoins et attentes.

Pour engager davantage les membres dans les activités de la chambre, outre les commissions, nous créerons des groupes de travail thématiques qui permettront aux membres de participer activement à des projets spécifiques. Nous favoriserons des incitations pour encourager la participation et la contribution et nous promouvrons une culture de collaboration et de co-création. En impliquant les membres dans la conception et la mise en œuvre des initiatives, nous veillerons à ce qu’ils se sentent valorisés et intégrés dans le processus décisionnel, renforçant ainsi leur engagement et leur investissement dans les activités de la CCI.

F.I : Quels programmes de formation et de développement des compétences envisagez-vous mettre en place pour les entrepreneurs et les employés d’entreprise ? Comment prévoyez-vous de collaborer avec les institutions éducatives pour aligner les formations sur les besoins du marché ?

 JKS : La création d’emplois est un enjeu crucial pour le Togo et le développement des compétences est essentiel pour y parvenir. Nous mettrons en place un programme complet de formation comprenant des cours, conférences et ateliers sur les nouvelles technologies ainsi que sur des domaines essentiels comme la gestion d’entreprise, le leadership et les compétences numériques.

Ces formations viseront à renforcer les capacités des entrepreneurs et de leurs employés avec un focus particulier sur les tendances actuelles du marché. En collaborant avec des experts renommés, nous veillerons à fournir des contenus de haute qualité sans empiéter sur les initiatives des institutions éducatives existantes.

Pour aligner les formations sur les besoins du marché, nous établirons des partenariats avec des institutions éducatives locales et internationales. Nous travaillerons ensemble pour identifier les compétences recherchées par les entreprises et concevoir des programmes adaptés. Cette collaboration nous permettra d’ajuster continuellement les formations en fonction des évolutions du marché et des besoins spécifiques des entreprises. En intégrant les retours des acteurs économiques et en tenant compte des tendances industrielles, nous nous assurerons que les formations offrent une réelle valeur ajoutée et contribuent efficacement à l’amélioration de la gestion et de la performance des entreprises togolaises.

F.I : Votre mot de fin

JKS : Deux choses : Premièrement : demander aux électeurs de faire le bon choix, un choix guidé par l’intérêt général, dénué de toute considération amicale, familiale, associative ou politique.

Deuxièmement : profiter de cette occasion pour remercier les gouvernants et notamment le chef de l’Etat pour l’attention particulière qu’il porte au développement du secteur privé en nous offrant un environnement favorable au climat des affaires, qui nous permettra d’atteindre, sans aucun doute, les objectifs que nous nous sommes fixés au cours de cette mandature.