Plusieurs personnes ne pouvant pas s’offrir une moto toute neuve, faute de moyens le déplacemnt, optent pour l’achat d’un deux-roues d’occasion. Cette option, a créé une explosion ces dernières années du marché des motos d’occasion à Lomé. Qui sont dans cette activité ? Comment ils se procurent ces motos et quelle est leur stratégie de vente ?
Une activité gérée par des connaisseurs en mécanique
Les points de vente de motos d’occasion à Lomé ont pignon sur rue. Mais les sites les plus connus selon leur position, sont le carrefour bleu d’Agoè-assiyé, le carrefour Deckon, le Bas-fonds du Collège Saint-Joseph, ou encore le Carrefour Limousine…A chaque zone, on trouve plusieurs vendeurs.
Ce commerce des motos d’occasion est sans concurrence, aux mains des hommes qui sont soit des Togolais ou des Nigérians. Ceux-ci, pour la plupart, ont des qualifications en mécanique.
« Ce sont des motos déjà roulées que nous revendons. Et il est possible qu’il y ait ou non, un souci sur l’engin. Ceci « nécessite une connaissance en mécanique pour pouvoir vérifier et détecter si possible les pannes qui peuvent se trouver sur les engins que nous recueillons pour vendre. C’est pourquoi il est nécessaire voir obligatoire d’avoir une connaissance du mécanisme de fonctionnement et d’existence d’un véhicule à deux-roues », explique Kpadouanedjo Douti, vendeur de motos d’occasion au Carrefour Bleu d’Agoè-Assiyéyé.
En effet, outre cette qualité, il faut avoir beaucoup d’argent. Selon Aladji, un vendeur de ces deux roues d’occasion) à Zongo, avec les moyens, on a la possibilité d’avoir un nombre considérable de motos de divers modèles et caractéristiques permettant ainsi à chaque client d’en trouver pour son compte.
« Cependant, on peut aussi commencer avec un petit budget, un nombre assez réduit d’engins comme moi en espérant que notre emplacement et nos relations pourront attirer la clientèle », précise Douti.
Du propriétaire au vendeur
Les motos d’occasion vendues un peu partout sur l’étendue du territoire proviennent, en majorité des propriétaires eux-mêmes. Ils vont personnellement sur les lieux de vente pour proposer leur engin, comme c’est le cas de Papa que nous avons surpris au Carrefour Bleu venu pour vendre sa moto «Apache».
Cette vente par les propriétaires se fait souvent pour plusieurs raisons à savoir problèmes d’argent pour répondre à un cas d’urgence comme un projet de voyage, d’acquisition d’une nouvelle moto, etc. « Moi particulièrement, c’est que je me suis offert une voiture, donc j’ai besoin de vendre la moto Apache pour prendre une petite », nous confie Papa.
Parfois, ces propriétaires passent par leur mécanicien pour vendre leur moteur à deux-roues. C’est ce qui justifie la relation qui existe entre ces acteurs et les vendeurs de motos.
« Nous sommes en relation avec les mécaniciens des maisons de vente de motos neuves et ceux des quartiers. Nous avons aussi des démarcheurs qui, grâce à leurs relations, nous amènent des motos à acheter en contrepartie d’une commission », indique Alex qui est dans cette activité depuis bientôt 5 ans à Kara.
L’autre voie par laquelle nous arrivons à nous procurer les motos, c’est le deal que les commerçants acceptent souvent de faire avec leurs clients. A l’ère de la numérisation, les vendeurs de cyclomoteurs d’occasion très actifs sur les réseaux sociaux, utilisent également ces plateformes non seulement pour vendre, mais aussi en acheter.
L’état de la moto, premier facteur déterminant !
Si dans les maisons ou boutiques de vente de motos neuves, les prix sont fixés et sont pratiquement les mêmes selon la marque, de Lomé à Cinkassé, ceux des motos d’occasion varient, non seulement, en fonction du vendeur, mais aussi en fonction des cyclomoteurs.
De fait, les motos peuvent être identiques, avec la même marque et la même série, cependant les coûts de vente ou d’achat seront différents.
« La première des choses que nous regardons quand nous voulons acheter une moto pour revendre, c’est son état visible. On vérifie si les phares sont là et s’ils travaillent. Les rétroviseurs, pose-pieds, clignotants sont-ils à leurs places ? La carrosserie, sa couleur est-elle acceptable ? La moto est de quelle série ? », détaille Douti, qui ajoute qu’« après vient la vérification du fonctionnement même de l’engin via le moteur, les freins… ».
Lorsque tous ces détails sont en place, pour que la vente soit conclue, le vendeur de la moto est tenu d’apporter les papiers de l’engin comportant l ‘original de l’attestation des douanes, l’original du reçu d’achat, la carte grise, documents qui attestent de sa propriété. « Sans ces documents, la moto peut être neuve n’importe comment, l’achat n’aura pas lieu. Et cette condition est aussi valable pour nous qui vendons », souligne Aladji.
Entre gains et risques
Divers types de motos d’occasion sont commercialisés. Nous avons les scooters, les motos dames et les motos pour hommes.
Parmi les marques, l’on trouve celles chinoises comme Haojue de Grand River Group et Sanya, représentée au Togo par la société Evame Sarl, sans oublier la marque indienne TVS.
De ces trois marques, c’est Haojue qui domine le marché de la commercialisation des motos d’occasion. « C’est une marque très appréciée par les utilisateurs. De la manière dont elle est vendue au niveau des maisons de distribution, c’est de la même qu’elle coûte chez nous », indique Alex, vendeur à Kara.
Ce commerce est très prospère. Sur une moto achetée, un commerçant peut avoir jusqu’à 100 000 FCFA de bénéfice. « Ils gagnent vraiment gros, ceux qui sont dans cette activité. L’an passé, quand j’avais voulu vendre ma Haojue homme de plus de 900 000 FCFA que j’ai conduite pendant, à peine 6 mois, j’étais allé voir le commerçant qui est au niveau de Saint-Joseph qui après vérification, avait proposé 600 ou au plus 650 mille FCFA. Trouvant le prix trop bas, j’ai moi-même fait le marketing sur mon statut. Et finalement, je l’ai vendue à 750 mille FCFA », témoigne Félix Nikabou, agent à l’OTR.
Bien que l’activité nourrit son homme, elle comporte des risques aussi bien pour l’acheteur que pour le commerçant.
En effet, les commerçants sont souvent confrontés à la vente des motos dont la propriété est douteuse. « Des gens viennent parfois nous vendre des motos avec tous les documents concordants, mais ils n’en sont pas toujours effectivement propriétaires. C’est ce qui m’est arrivé avec un conducteur de taxi-moto qui a voulu me vendre sa moto alors qu’il était encore sous le contrat « work and pay ». Heureusement que j’ai été vigilant pour appeler le propriétaire lui-même », raconte Douti.
Des motos volées sont également conduites vers ces marchés et les commerçants inexpérimentés ou non sérieux les acquièrent et les mettent en vente. Ce qui est dangereux aussi bien pour le nouvel acheteur que pour le commerçant.
« Pour éviter un quelconque désagrément, il est conseillé de toujours être sûr d’avoir les documents de la moto et surtout l’autorisation lorsque l’engin n’appartient pas au vendeur, ou le reçu d’achat qui prouve que vous êtes le nouveau propriétaire si la moto a déjà été une fois vendue. Surtout ne pas hésiter à remonter au premier propriétaire qui a son nom sur les dossiers de la moto à céder », conseille Aladji, à Agoè-Zongo.