Une fois encore, les Togolais seront absents au rendez-vous du football continental. Ils devront suivre la compétition majeure du football africain, CAN Maroc 2025, sans y avoir de représentants. Les Eperviers ayant fini par payer l’addition des séries de contre-performances dont ils sont devenus coutumiers. Depuis des années.
Si le public et tout le peuple togolais pouvaient encore à l’avant-dernière journée des phases éliminatoires garder un hypothétique espoir d’une remontada par une victoire face au Liberia, repositionnant dès lors les Eperviers dans le classement et miser sur une deuxième place qualificative s’ils concluaient bien ces phases à domicile par une victoire face à la Guinée équatoriale, ce sont des Eperviers à peine motivés que l’on découvrira sur le terrain, quasiment sans ambition, ni détermination à honorer le drapeau national. Avec à l’arrivée, en toute fin de match alors que le score était encore nul et vierge partout, un pénalty concédé et transformé sans coup férir par les Libériens, condamnant les Eperviers à une nouvelle défaite. La défaite de trop, synonyme de facto de leur élimination !
Aussi extraordinaire que cela puisse paraître, le Togo qui naguère montait parmi les nations émergentes de football en Afrique, aligne des absences à la CAN depuis que paradoxalement la compétition a été élargie à 24 nations au lieu de 16 auparavant. Et étonnamment, de Claude Leroy à Nibombé Daré en passant par Paulo Duarte, le résultat n’a guère évolué. A ceci près que Nibombé Daré est à peine en train de faire ses premiers pas quoique plébiscité par le public sportif pour prendre la relève de la sélection nationale, Claude Leroy et Paulo Duarte ont une expertise avérée, qui parle pour eux ; ou du moins, parlait pour eux.
Mais à l’épreuve du Togo, ils auront tous mordu la poussière et Nibombé Daré, le digne fils du pays, viendra achever sans gloire, le job que ses prédécesseurs ont commencé.
Le diagnostic qui a conduit à changer de sélectionneur aux Eperviers semble de toute vraisemblance, a posteriori, avoir été mal adressé, ou tout au moins, partiellement. Lier les contre-performances de notre équipe nationale aux seules « incompétences » des sélectionneurs, s’est révélé hasardeux. Or, trivialement, un diagnostic mal posé conduit toujours à une non-solution, sinon à une solution inadaptée, biaisée ou parfois simplement superficielle. Et à y regarder de plus près, c’était l’arbre qui cachait la forêt.
En tout état de cause, le moment semble opportun pour que la gestion du football autant par le ministère des Sports en général que par la Fédération Togolaise du Football (FTF) en particulier, soit questionnée. Comment s’explique cette absence de résultats depuis la prise en main de ces instances par l’actuel ministre des Sports et l’actuel président de la FTF ? Quelle politique de promotion du football est élaborée, adoptée voire déroulée ? Comment détecte-t-on les talents au plan local et comment les promeut-on ? Quelles infrastructures sportives sont construites depuis toutes ces années ?
Aujourd’hui, la tête de Nibombé Daré est réclamée… Soit. Parce que le contrat le liant l’obligeait à qualifier les Eperviers à la compétition AFCON MAROC 2025. Soit également parce que sans complaisance, le fond de jeu produit par les Eperviers depuis qu’il a pris les commandes reste très approximatif. Mais, le remplacer, seul, sans traiter le mal en profondeur, participerait-il d’une logique de règlement définitif et holistique du mal dont souffre notre football ?
Mutatis mutandis, il est à craindre que les mêmes causes ne produisent les mêmes effets et que la renaissance du football togolais tant espérée, ne prenne des allures d’un véritable serpent de mer.