Dette africaine : Faure Gnassingbé plaide pour une nouvelle doctrine continentale

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Le président du Conseil du Togo, Faure Gnassingbé a ouvert le lundi 12 mai 2025 à Lomé, la première Conférence de l’Union Africaine (UA) sur la dette. En présence des Présidents du Ghana, John Dramani Mahama de la République du Ghana et Hakainde Hichilema de la République de Zambie (par visioconférence) et des partenaires internationaux, notamment Patrick Ndzana Olomo, Directeur par intérim du Développement économique, de l’Intégration et du Commerce à la Commission de l’Union africaine (CUA), le Togolais a défendu une approche plus souveraine et solidaire de la gestion de la dette publique en Afrique.

Pour le chef de l’État togolais, le surendettement des pays africains n’est plus un risque hypothétique mais une réalité quotidienne. « Plus de vingt pays sont en situation de détresse ou à haut risque d’endettement », a-t-il rappelé. Les besoins en infrastructures, en santé, en éducation ou encore en climat rendent la pression financière d’autant plus insoutenable.

Malgré les efforts accomplis depuis deux décennies en matière de gouvernance et de transparence, l’Afrique a déboursé plus de 160 milliards de dollars en 2024 pour le service de la dette. « Bien plus que ce que nous consacrons à nos systèmes de santé ou d’éducation », a déploré le président du Conseil togolais.

Un système international à repenser

Pour le dirigeant togolais, le problème dépasse les simples indicateurs financiers. C’est le cadre d’analyse lui-même qui est en cause. « Les méthodologies actuelles sont conçues pour contraindre, pas pour accompagner », a-t-il dénoncé. Selon lui, les institutions financières internationales appliquent des modèles trop conservateurs, qui freinent les investissements et poussent à des ajustements budgétaires permanents.

Le président togolais appelle à « passer d’une logique de surveillance à une logique de confiance », estimant que la soutenabilité d’une dette ne peut être réduite à une camisole budgétaire imposée de l’extérieur.

Sécurité, climat : une dette au service du bien commun

Autre point central du discours : la nécessité de reconnaître certaines dépenses, notamment celles liées à la sécurité, comme des biens publics globaux. « On ne peut pas exiger la paix sans autoriser de la financer », a affirmé Faure Gnassingbé, soulignant l’engagement du Togo et d’autres pays africains dans la lutte contre le terrorisme et les trafics transfrontaliers.

Face à la montée des risques sécuritaires, climatiques et migratoires, le président togolais a plaidé pour une approche plus réaliste des critères de soutenabilité de la dette. « Une dette est-elle soutenable si elle prive sa jeunesse d’avenir ? », a-t-il interrogé.

Une stratégie africaine collective

Au-delà des appels à la communauté internationale, Faure Gnassingbé s’est tourné vers ses homologues africains. « Nous devons développer une ambition africaine collective sur la dette », a-t-il insisté. Selon lui, seule une doctrine continentale, fondée sur la solidarité et la souveraineté, permettra à l’Afrique de peser dans les réformes de l’architecture financière mondiale.

Cette stratégie passe par le renforcement des institutions panafricaines, une meilleure coordination macroéconomique et des règles adaptées aux priorités de développement du continent. « L’Afrique n’est pas en quête d’assistance, mais de marges de manœuvre », a-t-il martelé.

Le président togolais a conclu en appelant à faire de la conférence de Lomé « un tournant » vers une souveraineté budgétaire assumée et une transformation économique durable.