Le Togo franchit une nouvelle étape dans la diversification de ses sources de financement. Après avoir obtenu, en novembre 2024, une garantie de 200 millions d’euros de la Banque africaine de développement (BAD), Lomé s’apprête à mobiliser deux prêts commerciaux pour un montant total de 350 millions d’euros, soit 230 milliards FCFA auprès de banques internationales.
L’information, confirmée par l’agence S&P Global Ratings, révèle la volonté des autorités togolaises de réduire leur exposition au marché régional de la dette, devenu ces dernières années plus coûteux et moins stable.
Ce montage financier, une première pour le pays, repose sur la solidité de la couverture offerte par la BAD via le Fonds africain de développement (FAD). Grâce à cette garantie, le Togo espère lever des fonds sur les marchés à des conditions bien plus favorables qu’au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), où les taux d’intérêt ont fortement augmenté depuis 2022.
Cette opération s’inscrit dans le Cadre de financement durable adopté par Lomé en octobre 2024, validé par S&P, qui définit les orientations stratégiques en matière d’emprunts verts et sociaux.
Les fonds mobilisés seront destinés à financer des projets à fort impact : agriculture durable, gestion de l’eau, protection sociale, inclusion numérique et infrastructures résilientes face au changement climatique. Ce choix traduit une volonté de concilier gestion rigoureuse de la dette et investissements structurants pour le développement économique et social.
Pour Lomé, l’enjeu est aussi de préserver ses marges de manœuvre budgétaires tout en répondant aux attentes d’une population confrontée aux effets conjugués de la crise climatique et des tensions économiques.
Dans un contexte où les conditions de refinancement sur le marché régional se sont durcies, le Togo cherche à rééquilibrer son portefeuille de dette. Selon S&P, la part du financement hors UEMOA pourrait atteindre 50 % d’ici à 2026, contre 42 % à fin 2024. Une orientation stratégique qui s’accompagne de partenariats renforcés avec les institutions financières multilatérales. Après avoir sécurisé un prêt de 200 millions de dollars auprès de la Banque mondiale pour 2025, Lomé compte finaliser ces deux nouveaux emprunts en s’appuyant notamment sur la garantie de la BAD.
Si d’autres soutiens sont évoqués, comme ceux de l’IDA ou de la MIGA, seule la garantie de 200 millions d’euros de la BAD a été officialisée pour l’heure. Au-delà de son propre rééquilibrage financier, le Togo pourrait ainsi ouvrir la voie à d’autres pays de la région, désireux de combiner financements commerciaux et appuis multilatéraux pour sécuriser des conditions d’emprunt plus avantageuses.
