Depuis plusieurs mois, se multiplient des braquages et autres vols à main armée dans la capitale togolaise, plutôt connue pour sa tranquillité et sa sécurité vantée par tous. Certes, Lomé n’est pas la seule ville au monde où s’installent ces phénomènes. Ceux-ci sont consubstantiels au développement urbain, associé à une circulation de plus en plus facile des armes ainsi qu’à d’autres causes dont on ne fera pas l’exégèse ici. Il n’en demeure pas moins que la récurrence de ces hold-up interroge. D’abord sur leur fréquence : plusieurs forfaits en l’espace de quelques jours. Ensuite le mode opératoire : quasiment le même à chaque acte. Enfin, l’incapacité des forces de sécurité à enrayer jusque-là le cycle infernal ; celle de la justice à identifier et à punir les auteurs de ces crimes. De fait, la peur s’installe au sein de la population, notamment parmi les commerçants, premières victimes. Les rumeurs, les spéculations, voire les accusations aussi. Elles ne sont pas toutes infondées ni illégitimes dans un pays où l’efficacité des services de renseignement et le professionnalisme des structures de défense et de sécurité sont avérés et salués par tous. Aussi, le seul moyen de mettre fin aux fantasmes et de couper court aux allégations des plus construites aux plus abracadabrantesques est d’interpeller ces criminels et de les soumettre à la rigueur de la loi. Plus encore, il s’agit de rassurer nos compatriotes et les étrangers qui vivent sur notre territoire, surtout les opérateurs économiques, qui commencent à s’inquiéter à juste titre de la dégradation du climat sécuritaire. Ce qui est une très mauvaise nouvelle à l’heure où les autorités multiplient les initiatives pour séduire les investisseurs, locaux ou extérieurs, dans le cadre du Plan National de Développement (PND). En effet, le Togo souhaite dans la mise en œuvre de ce plan convaincre le secteur privé d’apporter 65% des investissements dont il a besoin, soit près de 3 000 milliards de FCFA. Un de ses atouts et avantages comparatifs face à ses concurrents de la sous-région, reste la sécurité. Dans un environnement régional où le Mali, le Niger et le Burkina-Faso doivent faire face à des raids meurtriers de groupes djihadistes, où une crise politique larvée inquiète au Bénin et en Côte d’Ivoire, notre pays a une belle carte à jouer sur le thème de la sécurité. En ne mettant pas vite fin à ces braquages réguliers, il dilapiderait « bêtement » ce capital. Qui y a intérêt ?