Interview : Fofo S’karfo le ‘highlander’ du hip-hop togolais

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« La forme a changé mais le fond demeure le même »

Artiste rappeur-chanteur, homme d’affaires et vidéaste ce jeune malgré les années n’a rien perdu de sa dextérité et de sa fougue pour le Hip-Hop. Les chansons de Fofo Skarfo lyriquement riches, lui ont permis de séduire l’ancienne génération et de continuer par conquérir la nouvelle génération dans le monde musical. Découvrons-le !

Focus Infos : Que veut dire Skarfo ?

Fofo S’karfo : Skarfo est un personnage d’une série télé que j’imitais quand j’étais au lycée. Mes potes m’appelaient comme ça et depuis c’est resté.

FI : Qu’en est-il aujourd’hui du groupe « la source » grâce auquel on t’a connu?

FS : La Source n’est plus musicalement parlant mais humainement c’est une forte amitié pour la vie.

FI : Quel a été ton parcours depuis ton entrée dans la musique ?

FS : Mon parcours c’est deux (2) groupes Out Zone et La Source. Plusieurs mixtes, l’album en groupe et un album en solo.

FI : Ancienne ou nouvelle génération, laquelle t’inspire le plus dans les musiques urbaines au Togo ?

FS : Pour moi en art il n’y a pas d’âge. Un adolescent peut m’inspirer tout comme le peut un sexagénaire. Chaque génération a quelque chose de magique et il faut apprendre à le voir et non s’enfermer dans des cases d’âges.

FI : Que penses-tu de l’idée selon laquelle il faut une identité à la musique togolaise?

FS : Si on arrive à reconnaître la musique d’un pays juste par quelques notes c’est que l’identité est réelle et importante. Et ce serait bien qu’on ait la notre. Ça permettra de mettre un nom sur la musique togolais, de faire vivre et valoir notre culture afin de pouvoir l’exporter plus facilement.

FI : Ambassadeur d’une liqueur ! Pourquoi ce choix ?

FS : Oui, je suis ambassadeur de la boisson Moutai . Disons plutôt que c’est la marque qui m’a fait l’honneur de me choisir pour la représenter et j’ai accepté. Ils ont vu en moi cet artiste qui incarnerait au mieux leurs valeurs.

FI :Quelle est ta plus grande fierté en tant qu’artiste togolais ?

FS : Je ne pense pas que ce soit déjà arrivé, y a eu de belles choses dans notre musique mais je suis peut être beaucoup ambitieux donc j’attends de voir encore plus fort.

FI :Quelle est l’anecdote au tour du surnom « la course » ?

FS : Vous êtes bien renseigné… J’étais en Chine, on sortait de club avec des amis togolais et chinois, en bordure de route, moi je discutais avec une chinoise. Apparemment ça n’a pas plu. Une Prado nous dépasse, se retourne et fonce violemment sur moi. Je ne sais comment mais j’ai pu sauter et courir, pour l’esquiver et ne pas me faire tamponner sous les cris de mes amis et passants. Après le choc de la scène un pote à balancé «La Source est devenue La Course’’ d’où la course.

FI :Ton album intitulé 13 janvier tu nous en parles ?

FS : 13 Janvier c’est d’abord mon 1er album solo, fait entre la Chine et Lomé avec plusieurs beatmaker talentueux dont Tha Vicious principal architecte du projet. C’est album était un défi à relever comme revenir en haut de la scène musicale après quatre (4) ans d’absence, comme écrire la majorité des morceaux en mina ce que je faisais qu’aux refrains avec La Source, comme travailler avec des nouvelles personnes plus jeunes, comme faire des morceaux entièrement chantés… en gardant Fofo Skarfo au fond de toutes ces nouveautés. En gros une belle expérience de défis qui a au final fut une parfaite réussie.

FI :Pourquoi le choix de ce nom, a-t-il un rapport avec cette date emblématique du Togo ?

FS : Oui et non. Oui parce que l’album parle aussi du Togo et on ne peut dissocier son histoire de cette date. Non parce que 13 Janvier c’est surtout ma date de naissance et cet album est comme une renaissance.

FI :Le morceau de ta carrière que tu apprécies le plus?

FS : C’est vrai que certains morceaux me parlent plus que d’autres mais je n’ai pas pas une chanson préférée.

FI :Pourquoi toujours le hip-hop au moment où tout le monde pense que rien ne va ?

FS : Je ne fais pas une musique parce que ça va ou ça va pas. Je fais ce que j’aime, je fais ce qui m’inspire.
Parlant de Hip Hop, je me sens plus que Hip Hop aujourd’hui, même si je ne l’ai dit pas directement, j’ai besoin d’aller au delà, d’explorer d’autres univers et vous pouvez le ressentir à l’écoute de l’album.

FI : Peux-tu encore aujourd’hui évoluer au sein d’un groupe ?

FS : Pour l’heure ce n’est pas au programme.

FI : Un regard sur le hip-hop togolais ?

FS : Comme partout il y a du bon et il y a du mauvais. La forme a changé mais le fond demeure le même, très peu vivent de leur art. Sur le plan artistique la course aux punchlines a accouché pleins de rappeurs qui ne disent plus grandes choses, mais il y a toujours de bons rappeurs c’est ce qui compte.

FI : S’il y avait un truc à refaire ?

FS : Ça c’est tout un thème qui mériterait des jours de réflexion. C’est pas un truc à faire mais plusieurs éléments vu que c’est tout un cycle, artistes, managers, public,beatmaker, promoteurs… Chacun a son rôle à jouer.

FI : Tu es l’un des rappeurs pour ne pas dire le seul de la old school à continuer par t’affirmer avec la nouvelle génération. Tu nous livres ton secret ?

FS : Aimer ce qu’on fait, ne pas le faire parce qu’on veut prouver quelque chose ou parce d’autres le font. S’écouter, ne pas forcer, être ouvert d’esprit et accepter d’apprendre des autres. Personne n’est maître d’une inspiration absolue. L’art est flexible.

FI : Des projets en cours ou à venir ?

FS : Projet à court terme, mon concert Live le 13 Avril à l’institut Français. Pour la suite je ne vais pas tout vous dévoiler, restez à l’écoute.
Merci