La sous-région retient son souffle

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L’Afrique de l’Ouest devrait connaître dans les prochains mois plusieurs élections présidentielles. Si elle était jusque-là l’une des zones du continent les plus stables sur le plan politique, les soubresauts intervenus dans certains pays ces derniers mois peuvent faire craindre le pire.

En effet, la question de la limitation des mandats présidentiels devenue un dogme auquel tiennent les peuples africains , ainsi que celle de scrutins à deux tours, y ont été depuis longtemps tranchées et adoptées par la quasi-totalité des constitutions. La Gambie et le Togo, qui traînaient les pas jusqu’alors, ont fini par rejoindre cette marche considérée comme vertueuse par l’opinion, évacuant ainsi des sujets, objets réguliers de crispations.

Dans ce contexte, les scrutins à venir au Ghana, au Niger, en Guinée ou encore en Côte d’Ivoire etc. auraient dû normalement être considérés comme non « crisogènes », hormis les tensions inhérentes aux enjeux du scrutin majeur qu’est l’ élection présidentielle, notamment en Afrique où le « winner takes all ». Cependant, la modification constitutionnelle opportune initiée par Alpha Condé pour lui permettre de briguer un troisième mandat ne rassure guère sur l’avenir de son pays, même si l’opposition semble divisée et son principal leader Cellou Dalein Diallo plus que jamais affaibli .

Mais c’est surtout pour la Côte d’Ivoire que la sous-région retient son souffle, en dépit des assurances données par Alassane Ouattara et son auto-persuasion. Pour avoir échoué à réconcilier son pays lors de ses deux mandats, les conditions d’un remake des élections de 2010 et de la crise qui s’en est suivie sont de nouveau réunies, avec ce bémol qu’aucune rébellion ne se dresse en face de l’armée régulière.

Ce qui n’enlève pour autant, rien à la détermination de ses opposants de le voir trébucher dans sa quête d’un troisième mandat, qu’ils considèrent comme illégal et anticonstitutionnel. La très contestée Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) aura donc un rôle crucial à jouer dans les prochains mois, pour garder à la sous-région sa stabilité.

Critiquée souvent à tort, elle a une chance unique de démontrer sa capacité d’anticipation ainsi que sa volonté de faire respecter les normes qu’elle s’est fixées, au-delà de la position de fermeté envers la junte malienne, et qui en faisaient jusque-là un modèle. La locomotive de l’UEMOA ne doit pas (re) basculer dans la violence et dans l’instabilité.

Dans la répartition des rôles pour éviter cela, la CEDEAO doit prendre sa part, toute sa part.