Le rapport annuel de la Commission européenne intitulé : « Importations de produits agroalimentaires biologiques dans l’Union Européenne (UE) : Principaux développements en 2019 » publié le 04 juin dernier, classe le Togo 2è exportateur africain de produits agricoles bio vers cette zone. Une bonne nouvelle pour cette filière en pleine expansion sur le marché local et à l’export.
Dans un contexte de stabilité des importations de produits agroalimentaires biologiques de l’UE estimées à 3,24 millions de tonnes entre 2018 et 2019, le Togo y a doublé ses exportations, passant de 22 000 tonnes à près de 45 000 sur la période, soit une hausse de 102%.
Le pays doit cette performance au dynamisme de son secteur ainsi qu’à la hausse du niveau de fruits tropicaux et du soja. De fait, le Togo réalise au terme du rapport précité, un bond de 17 places passant du 31e au 14e rang mondial sur 123 pays recensés.
Il se classe 2è derrière l’Egypte sur le plan continental gagnant 3 places , et 1er dans l’espace de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ( CEDEAO) , dépassant respectivement la Côte d’Ivoire (28è mondial avec 23 503 tonnes), le Ghana (30è mondial avec 20 318 t), le Burkina-Faso (38è mondial avec 13 312 t), le Sénégal ( 49è mondial avec 4 765 t), le Bénin ( 56è mondial avec 2 081 t), le Niger ( 70è mondial avec 640 t), et le Nigeria (80è mondial avec 289 t).
Besoins de débouchés
La filière bio qui se structure autour de 37 000 producteurs dans le pays soit 5% des producteurs africains, renforce de plus en plus sa professionnalisation. Ainsi, depuis trois ans à Lomé, les amateurs de produits bio ont leur marché. L’Espace Viva créé par Aimée Abra Tenou rassemble chaque samedi une trentaine d’agriculteurs venus de Lomé, de la région maritime et de celle des plateaux, rapporte Olivier Rogez de RFI.
« On a identifié les producteurs qui font de l’agroécologie, qui utilisent des techniques comme la permaculture. On leur rend visite avant de les sélectionner pour qu’ils participent au marché des paysans». On les connait donc très bien, ce sont des personnes engagées depuis très longtemps.
Donc nous garantissons le côté agroécologie et permaculture », confie l’entrepreneure.
Comme en Europe, les produits bios sont plus chers et le marché des paysans encore réservé à une élite. « Malheureusement nous n’arrivons pas encore à toucher la classe en dessous de la classe moyenne, parce que quand vous faites du naturel, les prix de revient sont plus élevés que pour le conventionnel, donc le marché des paysans touche finalement la classe moyenne et supérieure, la diaspora réinstallée au pays ou encore les expatriés» ,explique Aimée Tenou.
Pour se développer, les filières bios ont donc besoin de débouchés à l’étranger. Depuis 2011, Daniel Komlan, dirige Agrokom, une entreprise de trituration de soja.
La totalité de ses 2 500 tonnes de graines et de tourteaux est exportée vers la France et l’Italie. « Le marché togolais est un peu restreint, il n’y a vraiment pas de clientèle, donc je me suis demandé où je pouvais trouver des débouchés. Et je suis allé vers la production bio. Parce que si l’on prend le soja conventionnel, le Togo n’est pas compétitif. Si l’on veut être compétitif et vendre à l’extérieur, il faut aller vers le biologique », détaille-t-il à notre confrère.