Transport interurbain: La rude concurrence des sociétés du secteur

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C’est une dizaine de sociétés légalement constituées qui animent le secteur des transports interurbains au Togo. Présentes depuis plus d’une décennie, elles sont de plus en plus préférées par des voyageurs qui abandonnent peu à peu les mini-bus classiques dénommés « 15 places » ou « 9 places » qui faisaient naguère, la pluie et le beau temps. Comment sont-elles parvenues à s’imposer dans le secteur ? Comment s’organisent-elles ? Dans ce dossier exclusif, Focus Infos fait un zoom sur cette filière en plein essor.

Le plus souvent, de lundi à vendredi sur la nationale 1, l’on rencontre des autocars généralement de 60 places en circulation estampillés Nagodé, Rakieta, LK, Etrab, Adji transport, DC10, Cheval Blanc, etc avec à bord, des passagers en provenance de Lomé vers diverses destinations de l’intérieur du pays.

Elles sont en majorité enregistrées au Centre de Formalités des Entreprises (CFE) contrairement aux autres bus qui sont aussi destinés au transport de personnes et de biens, mais exerçant dans « l’informel», sous la supervision uniquement du ministère des transports. Celles légalement constituées sont quant à elles, sous la triple tutelle des ministres du commerce, de l’économie et des transports. Enregistrées comme des sociétés de transport et de commerce import-export (le cas de l’ETRAB), elles versent sur la base de leur chiffre d’affaires, des taxes à l’administration fiscale.

Activité similaire

Ces différentes sociétés offrent aux Togolais, les mêmes services : le transport à l’intérieur du pays avec les destinations identiques que sont Atakpamé, Sokodé, Kara et Dapaong. Certaines d’entre elles se limitent à Sokodé, d’autres Kara pendant que d’autres encore vont jusqu’à Dapaong.

A l’instar des destinations desservies, les tarifs de voyage aussi sont identiques et varient de 3000 FCFA (Lomé-Atakpamé) à 9500 FCFA (Lomé-Dapaong).

Pour se démarquer l’une de l’autre, ces sociétés offrent divers conforts aux passagers. Notamment la climatisation du véhicule pour certaines sociétés, la mise à disposition des clients d’une collation. Et face à la rude concurrence, ces acteurs ont récemment introduit l’accès à internet dans leurs offres.

Organisation du voyage

Pour se faire compter parmi les voyageurs de ces sociétés, il faut en amont réserver son billet. « La réservation de billet se fait au moins 24 heures avant le jour du départ », confie un régisseur de la société Etrab.

Chaque passager en réservant sa place fournit des renseignements sur son identité et précise sa destination. Il déclare également le contenu de ses bagages. « Il y a des clients qui voyagent avec des produits illicites comme des stupéfiants. Il est de notre responsabilité de veiller à éviter ces types de trafics prohibés », indique le régisseur.

Le jour du départ généralement de lundi à vendredi entre 5h et 7h, les passagers se présentent chacun avec son ticket et sont installés par des agents de la société selon l’ordre d’enregistrement. Quant aux bagages, ils sont identifiables à travers des étiquettes portant le numéro du ticket du propriétaire.

Le voyage est généralement assuré par au moins deux chauffeurs qui ont des qualifications basiques en mécanique, pour répondre en cas de panne durant le trajet.

« Il arrive que des clients annulent leurs billets ou reportent le voyage. Au cas où ce n’est pas fait 24 heures avant le voyage, celui-ci paie une pénalité », rapporte un agent de DC 10.

Très peu structurées

Bien que le voyage quotidien soit organisé, ces sociétés sont très peu structurées au plan administratif. Les promoteurs qui sont le plus souvent dans d’autres activités, sont quasi absents du siège où on ne retrouve que le régisseur. Celui-ci joue le rôle de manager et assure quelques fois avec un assistant, la gestion des comptes.

Quelques sociétés de transport un peu structurées disposent en plus du régisseur, d’un caissier et d’un(e) secrétaire.

« Pour faire le bilan ou pour payer les taxes, la boîte fait appel à des prestataires externes », a fait savoir l’employé de DC 10.

Autres services

Outre le transport des passagers, ces sociétés proposent également des services de location de bus pour des déplacements intra-urbains et interurbains.

Cette offre varie d’une société à une autre. Mais le plus souvent, la location journalière est facturée à partir de 60.000 FCFA avec chauffeur mis à disposition.

Également à travers leurs bus, les sociétés effectuent le transfert de courriers et des marchandises en colis. Pour ce service, le tarif varie aussi d’une société à une autre et selon la taille du colis à transférer et la destination.

Chiffre d’affaires

Pour diverses raisons, les transporteurs gardent confidentiels leurs chiffres d’affaires. Toutefois, en nous basant sur la moyenne de passagers transportés au quotidien, chacune de ces sociétés devrait réaliser un revenu mensuel à faire pâlir d’envie.

Prestation et Relation Client

De façon générale, les usagers des services de différentes sociétés de transport qui existent, affichent une certaine satisfaction.

Hayathe Ayéva, actrice de la société civile, qui se rend souvent à l’intérieur du pays pour raison professionnelle, apprécie le confort et l’état des véhicules de la société Nagodé ainsi que quelques soins ou services que le personnel rend aux clients comme la distribution gratuite de l’eau embouteillée et la présence de poste téléviseur à l’intérieur sur laquelle se diffusent souvent les séries africaines. Cependant, la cliente déplore une scène qui se reproduit souvent. « Parfois, on te laisse aller t’installer toi-même et après, ils viennent vous changer de place sans motif valable. Ce fait crée de la frustration chez le passager, ce n’est pas bien », relève Ayéva.

Pour sa part, Jonathan Amegan estime que le manque de souplesse dans les prestations des fois de certaines sociétés est déplorable de même que le défaut de transfert des informations d’une agence à une autre d’une même société.

De son côté, Serges N’Souuglo, un agronome de terrain, fait des navettes entre les différentes régions du pays grâce à des bus comme Nagodé, Rakieta, LK, ETRAB, Adji transport et DC10. Il déplore le retard observé chez certaines compagnies et la vétusté de certains bus. Mais globalement, fait-il observer, ces moyens de transport sont confortables. « Le seul problème au niveau d’Etrab maintenant, c’est qu’ils font trop d’arrêts et tu risques d’arriver en retard à destination. Aujourd’hui, tu prends Etrab à Lomé à 7H30, tu risques d’arriver à Kara à 15 heures alors que par le passé, déjà à 13H30 au plus tard ou à 14 heures, tu es à Kara », affirme le client.

Contactées par courrier, les sociétés n’ont pas commenté les critiques formulées à leur encontre.

Des défis à relever

A l’heure des technologies, la majorité des entreprises qui se sont confiées à nous, ont reconnu les retards accusés en matière de digitalisation de leurs services. « Nous sommes à pied d’œuvre pour la réservation des tickets en ligne afin de priver les clients des déplacements à notre siège pour prendre les tickets», informe l’agent de DC 10.

Au titre des perspectives, les transporteurs ambitionnent d’ouvrir d’autres lignes notamment sur les nationales 2 et 5. « Beaucoup de personnes voyagent maintenant sur Kpalimé pour des raisons économiques et nous estimons que leur offrir nos services, nous apportera aussi en chiffre d’affaires ».

Désormais les habituels véhicules de 9 et 15 places qui effectuaient le même trajet sont de plus en plus abandonnés. Selon Issifou, chauffeur, ses passagers se résument maintenant à des commerçants qui effectuent de petits achats à l’intérieur. « Pour un voyage, nous avons à peine 5 passagers/9 pour la destination finale. Ce qui ne nous permet pas de rentabiliser. Alors, pour ne pas faire faillite, nous prenons tout passager en direction de toute localité située sur notre trajet», indique le chauffeur.

Ce témoignage confirme la rude concurrence que font les sociétés modernes de transport aux minibus classiques.