A qui la faute ?

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Les dirigeants et militants d’Union pour la République (UNIR) ont sans doute été les premiers surpris par le score fleuve obtenu par leur parti aux dernières élections législatives. Avec plus de 95% des sièges disponibles, soit 108 sur 113 députés élus, c’est une véritable razzia sans précédent qu’a effectuée la formation créée il y a une dizaine d’années par Faure Gnassingbé.

Face à cette bérézina politique, la sempiternelle petite musique de processus irrégulier et de fraudes massives est une nouvelle fois de sortie, pour masquer la paresse intellectuelle et l’incurie politique d’acteurs, jamais confondus à faire une analyse lucide de leurs échecs répétitifs et incapables de remise en cause et d’introspection.

Ils proclament urbi et orbi la nécessité de changement, sans jamais l’incarner eux-mêmes y compris à travers leurs actes, obtenant inéluctablement donc, encore et toujours, les mêmes résultats qui vont par ailleurs de mal en pis.

Les résultats proclamés le 04 mai dernier par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de Dago Yabré sont sans appel et constituent un véritable camouflet pour l’opposition, réduite aujourd’hui à sa portion congrue.  S’ils empruntent un caractère « soviétique », ce n’est guère le fruit de «laboratoires ès élections », comme aiment à l’alléguer tous ceux qui ont choisi de s’exonérer d’une lecture froide, méthodique et sans concession de la situation.

C’est davantage la faute aux adversaires ainsi qu’aux contempteurs du pouvoir, qui n’ont toujours pas compris qu’une élection est une bataille qui se prépare et se livre sans merci. Encore moins qu’elle ne se gagne certainement et uniquement pas le jour du scrutin. La réussite étant au bout de l’effort, comme l’enseigne la sagesse populaire, gagner une élection emporte un travail de fourmi et de longue haleine.

Il commence par une occupation systématique et une présence méthodique sur le terrain, auxquels ne peut s’opposer que vainement, un petit tour en période de campagne, à bord d’un petit car-podium crasseux, armé d’un mégaphone toussant quelques envolées lyriques et protestataires, devant un parterre de cousins, de neveux, de curieux et d’oisifs harangués.

Pour gagner, il faut s’en donner les moyens et s’organiser. UNIR le réussit à la quasi perfection. En effet, on peut tout lui reprocher sauf le manque de discipline de ses militants, leur engagement de chaque instant, leur occupation spatiale du terrain, leur présence, voire l’omniprésence temporelle, leur maillage quasi scientifique du territoire.

Pendant ce temps, les leaders de l’opposition peinent à mobiliser leurs électeurs à aller s’inscrire sur les listes électorales et encore plus à aller voter. Ils sont tous focus sur le Grand Lomé comme si le Togo s’arrêtait aux portes d’Agoènyivé. A preuve, les principales figures de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), la principale formation de l’opposition, s’y sont présentées et 3 des 5 ont été élues dans la déferlante bleue, Jean-Pierre Fabre, Dodji Apévon, Brigitte Ajamagbo-Johnson y sont élus.

Dans ce contexte, enrayer la machine à perdre est-il possible ?