Destins croisés, destins funestes !

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Opposés lors de la Conférence Nationale Souveraine de 1991, la principale figure de l’opposition à Faure Gnassingbé incarnée par Agbeyome Messan Kodjo, et son mentor, l’archevêque émérite de Lomé, Monseigneur Philippe Fanoko Kpodzro, ont connu des destins croisés. Qui ont fini par se muer en des destins funestes.

Deux mois après son mentor Monseigneur Kpodzro, mort à l’âge de 93 ans en exil (Suède), Agbeyome Kodjo qui aura cette fois-ci assumé jusqu’au bout, sa position d’opposant au régime, a quitté à son tour, la terre des vivants, en France où il s’était exilé, depuis qu’il avait fait le choix de s’autoproclamer président élu de la République togolaise à l’issue de la présidentielle de 2020 dont il n’a eu de cesse de revendiquer la victoire. Une bataille de légalité et de légitimité perdue, qui aura fini par virer dans une totale illégalité, caractérisée par des actes graves commis comme l’usurpation des armoiries de la République, la nomination d’un Premier ministre depuis l’exil, suivie de la formation d’un gouvernement bis, la nomination de diplomates, etc…

Unis pour la cause de l’alternance démocratique, leur ultime ambition, l’archevêque émérite de Lomé dont le goût pour la politique ne s’était jamais éteint et l’ex-filleul de feu Eyadéma subiront les mêmes revers, en continuant d’envoyer d’Outre-Atlantique, des pétards mouillés sur le régime togolais. Unies dans le combat, du moins leur ultime combat, unies dans le même sort, l’exil qui s’en est suivi, les deux figures de proue de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) se sont suivies et soutenues.

Aussi tout porte-t-il à croire que c’est une page de l’histoire politico-démocratique de notre pays qui se tourne ainsi. S’agissant du regroupement électoral créé, il y a longtemps qu’il s’était disloqué, rongé par des dissensions internes, des conflits de positionnement et des batailles pour sa prise de contrôle.

L’attelage Agbeyome Kodjo – Monseigneur Philippe Fanoko Kpodzro, ce fut sans doute, une symphonie au goût d’inachevé. Un mariage de raison qui n’aura pas porté la promesse des fleurs. Sans doute qu’avec un peu de recul et après le décès du challenger de Faure Essozimna Gnassingbé à la présidentielle de 2020, est-on fondé à questionner l’histoire, afin de voir si elle n’aurait pas pu être réécrite autrement. De toute évidence, des langues peuvent se délier, chacune y allant de ses propres commentaires.

L’exil eût-il été fatal aux deux leaders de l’ex DMK ? On ne le saura peut-être jamais quoique leurs décès fussent survenus alors qu’ils étaient en exil. La mort peut frapper partout, et ce, sans qu’on n’y voit forcément les conséquences d’une vie d’exilés. Le cas échéant, les deux leaders de l’ex DMK auraient pu éviter de se mettre délibérément en péril. D’autres opposants qui n’ont rien perdu de leur verve ni de leur attitude consistant à systématiquement vouer le régime togolais aux gémonies, vivent toujours au pays, sans être inquiétés. Pire, leurs décès surviennent dans une quasi-indifférence du reste de la classe politique togolaise, et même de l’opposition.

Au surplus, il y a longtemps que leur « héritage » a été galvaudé et ce, même alors qu’ils étaient encore vivants. Si 2025 s’annonce comme un prochain rendez-vous électoral, cette année 2024 ne l’est pas moins. Alors que les élections législatives et régionales couplées sont annoncées pour le 20 avril, il est extrêmement difficile de voir une opposition togolaise bien organisée, pour se mettre en ordre de bataille face à la mouvance présidentielle.