Si un couloir de discussions s’est créé entre la délégation ouest-africaine et la junte au pouvoir au Niger grâce à la médiation du Chef d’Etat togolais Faure Essozimna Gnassingbé, laissant entrevoir la perspective d’une solution négociée, l’on est en revanche loin des résultats escomptés, à l’heure actuelle.
La rencontre de très courte durée qui a eu lieu samedi 19 août entre la délégation ouest-africaine et le numéro 1 des putschistes qui ont pris le pouvoir en renversant Mohamed Bazoum n’aura substantiellement permis que de faire part de vive voix de la position de la Cedeao aux nouveaux maîtres du Niger : « La Cedeao vous demande de réinstaller l’ordre constitutionnel ici à Niamey », leur aurait-on martelé. L’offre des militaires au pouvoir d’organiser une transition qui ne devrait pas excéder trois ans au maximum étant jugée inacceptable et par conséquent, balayée d’un revers de main.
Si l’espoir d’une solution hic et nunc semblait ne reposer que sur des illusions à l’aune des positions en apparence quasi-inconciliables des deux parties, le règne du statu quo ante après la mission ouest-africaine en terre nigérienne n’était pas non plus imaginable. A tout le moins, la tension devait baisser d’un cran et l’on devait assister à une désescalade. Vaine attente !
Certes, le front favorable à la manière forte pour réinstaller Bazoum au pouvoir n’est plus aussi serrein après le clivage sur le recourt aux armes comme moyen de règlement de la crise, notés au sein de l’UA au départ, alignée. Mais le bloc ouest-africain agite toujours, dans une logique jusqu’au-boutiste, la menace d’une intervention armée ciblée, en cas d’échec de la tentative de résolution pacifique de la crise.
Alors que la junte au pouvoir qui ne compte pas lâcher du lest, affiche une détermination du « peuple nigérien» à faire face à une éventuelle intervention.
« Si une agression devait être entreprise contre nous, elle ne serait pas la promenade de santé à laquelle certains croient. En effet, ils trouveront face à eux, 26 millions de Nigériens », menace le Général Tiani visiblement convaincu – à tort peut-être – du soutien de tout le peuple nigérien au coup d’Etat perpétré contre le régime de Bazoum.
L’enrôlement de volontaires nigériens décidés à faire face à une intervention armée, achève de convaincre de ce que dans l’esprit de la junte au pouvoir, il ne saurait y avoir de solution qui consisterait à rétablir le président déchu dans ses fonctions. Le suspense reste donc entier dans cette épreuve de force engagée par la junte au pouvoir vis-à-vis de la Cedeao.
Et si la force en attente de la Cedeao s’est déclarée prête, du point de vue des stratégies à peaufiner, de la mobilisation des hommes et des équipements, à intervenir militairement à Niamey, bien malin est celui qui saurait dire quand la force ouest-africaine passera à l’action et frappera effectivement cette junte si récalcitrante, et rétive aux appels « à la raison ».
Ceci, d’autant plus qu’en définitive, le feu vert de lancer l’opération « déloger les putschistes à Niamey » ne sera pas une décision militaire, mais un choix politique des chefs d’Etat ouest-africains qui subissent déjà, de multiples pressions.
En tout état de cause, sauf miracle in extremis qui consisterait en des concessions, le bras de fer entre l’organisation sous-régionale et la junte nigérienne au pouvoir risque de durer encore longtemps.