Les Evêques togolais appellent au dialogue après l’entrée en vigueur de la Vè République

0
532

La Conférence des évêques du Togo (CET) s’est exprimée, lundi 26 mai 2025, sur la situation politique du pays, trois semaines après l’instauration officielle de la Ve République. À travers un communiqué, les prélats ont invité les autorités à renouer avec une gouvernance à l’écoute du peuple, dans un contexte politique marqué par des tensions persistantes.

Le nouveau régime, désormais parlementaire, issu d’une réforme constitutionnelle adoptée sans consultation populaire directe, continue de susciter des réactions. Les évêques ont exprimé leurs inquiétudes quant à la manière dont cette transition s’est opérée, appelant à replacer l’intérêt général et la justice au cœur de l’action politique. Leur déclaration s’inscrit dans un climat de défiance à l’égard des institutions.

En ouverture de leur message, les évêques font écho aux premiers mots du pape Léon XIV, élu récemment : « La paix soit avec vous ». Une invocation qui, selon eux, devrait irriguer l’ensemble du tissu national, des dirigeants aux citoyens, en passant par les fondements mêmes de l’État.

La Ve République, source d’un climat de tension

Le basculement du Togo vers un régime parlementaire, intervenu le 3 mai, à la suite de l’adoption d’un nouveau texte constitutionnel par l’Assemblée nationale, continue de susciter des remous. L’absence de référendum, dans un pays marqué par une histoire politique complexe, a été perçue par une partie de la population comme un passage en force. Pour les évêques, cette réforme s’est opérée dans « un climat de tensions et de précarité généralisée » et a suscité « de lourdes frustrations ».

Les prélats rappellent qu’ils avaient déjà exprimé leurs réserves en mars 2024, appelant les autorités à suspendre le processus. Leur appel à « un esprit de paix » et à « une réelle consultation du Peuple souverain » était alors resté lettre morte. Ils dénoncent aujourd’hui les risques d’une gouvernance fondée sur « le silence imposé, la peur suscitée et entretenue, et le mépris de la voix de son peuple ». Une posture qui, selon eux, nourrit la radicalisation des positions.

Appel à une écoute authentique

Face à cette situation qualifiée de « préoccupante », les évêques plaident pour un dialogue national. Ils appellent à « une écoute authentique » des aspirations populaires et à la mise en place de mesures d’apaisement. Le message s’adresse aussi bien aux autorités qu’aux forces vives de la nation : partis politiques, organisations de la société civile, forces de défense, confessions religieuses.

La Conférence épiscopale insiste sur l’urgence d’un « dialogue franc, sincère, inclusif et constructif », seul à même de restaurer la confiance et de prévenir de nouvelles fractures dans la société togolaise. Les évêques soulignent la nécessité pour les dirigeants de « prendre conscience du malaise grandissant » qui traverse le pays depuis plusieurs mois.

Pas de paix sans justice

Si les évêques saluent la résilience du peuple togolais face aux épreuves, ils mettent en garde contre toute forme d’assimilation entre résilience et résignation. Pour eux, la paix véritable ne peut être dissociée de la justice, de la vérité et du respect des droits fondamentaux. Ils estiment que la stabilité ne saurait être obtenue par la contrainte ou l’indifférence aux attentes des citoyens.

À l’approche de la Pentecôte, les prélats appellent les fidèles à intensifier leurs prières pour la nation. Une neuvaine est prévue du 30 mai au 7 juin, dédiée à la justice, à la paix, à la dignité humaine et au respect des droits de tous. Un geste spirituel qui, au-delà de sa dimension religieuse, se veut également un acte d’espérance et un appel à la responsabilité collective.