Mme Victoire Tomégah-Dogbé a été nommée ce jour Premier ministre, par décret signé du Président de la République. La première femme à ce poste dans notre pays succède à Sélom Klassou, démissionnaire depuis vendredi dernier. Cette nomination vient consacrer un riche parcours ministériel et politique de cette femme de terrain aux compétences établies.
Si l’annonce a pris tout le monde de court, fait entre deux nominations et en plein journal télévisé, son contenu n’en est pas pour autant une surprise : Mme Victoire Tomégah-Dogbé a été choisie comme successeur à Sélom Klassou. Elle faisait partie des favoris figurant sur la short liste des pronostics. Cette nomination vient couronner un parcours sans faute aux côtés du Président de la République, qu’elle rejoint en 2008 comme ministre délégué auprès du Premier ministre Gilbert Houngbo chargé du Développement à la Base qui venait d’être crée au Togo, alors qu’elle était la Représentante résidente adjointe du PNUD au Bénin.
Ses qualités dans l’organisation et sa capacité à digérer les charges de travail convainquent Faure Gnassingbé de la nommer comme sa Directrice de cabinet dès 2009. Elle cumulera ce poste à partir de 2010 avec celui de celui de ministre du Développement à la Base, de l’Artisanat, de la Jeunesse et de l’Emploi des jeunes dans le second gouvernement de Gilbert Houngbo jusqu’à sa nomination ce jour.
Affectueusement appelée « Madame Développement à la Base » ou « Maman FNFI ( Fonds de Finance Inclusive) », elle aura porté avec succès le concept du Développement à la Base, né en 2008 de la vision prospective de Faure Gnassingbé dont l’objectif est d’assurer durablement à l’horizon 2032, un accès universel de toutes les communautés et
organisations à la base du Togo au minimum vital commun.
En fixant le cap, le président togolais a relevé la nécessité
d’améliorer les revenus des plus pauvres, de réduire la fracture sociale, en promouvant les principes fondamentaux de l’inclusion, de la participation, de la responsabilisation ainsi que de l’autonomisation des populations. Il a pris le leadership dans la mise en œuvre de ce modèle, convaincu qu’il contribuera à réduire sensiblement les inégalités, à développer l’esprit de solidarité et à consolider la stabilité du Togo, et en avait confié la mise en œuvre à Mme Tomégah-Dogbé.
PND, COVID.
Selon nos informations, trois critères essentiels fondaient le profil que recherchait le Président de la République. Le premier est que le Premier ministre soit une personnalité « qui connaît la maison » et donc insusceptible d’avoir besoin d’un temps d’adaptation. « Vu les urgences, choisir quelqu’un qui aurait besoin d’acclimatation ne serait pas pertinent » croit savoir une source. Le second est sa parfaite connaissance du Plan national de développement (PND), le référentiel togolais qui encadre les actions gouvernementales sur la période 2018-2022, avec pour objectif de transformer structurellement l’économie du pays et d’avoir une croissance forte, durable, résiliente, inclusive, créatrice d’emplois décents et induisant l’amélioration du bien-être social.
La révision du PND étant devenue inéluctable à cause de la crise sanitaire, il importe selon notre source, que le prochain Premier Ministre en maîtrise la quintessence. Et justement, le troisième critère est lié la pandémie de la COVID-19. Le Président de la République étant personnellement investi dans sa gestion et sa riposte, son Chef de Gouvernement devra être une personnalité qui y participe ou y a été associé, peu ou prou. Autant d’éléments qui ont concouru au final, à imposer le choix de Victoire Tomégah-Dogbé, la mieux placée en considération de ces éléments.
Politique :
Au surplus, elle correspondait au souhait du Chef de l’Etat de « récompenser » la région Maritime pour les bons scores qu’il y a été obtenus lors de la présidentielle de 2020, pendant laquelle il a réussi de fortes poussées, avec par exemple 64% dans le Zio contre 45,90% en 2015 et 41,76% en 2010, ou dans le Vo ( préfecture de Mme Dogbé) 48,82% contre 34,57% en 2015 et 27,45% en 2010, ou encore dans l’Avé avec 64% contre 39,99% en 2015 et 38,51% en 2010 etc.
La nouvelle Chef du gouvernement est non seulement une femme de terrain dans l’exercice de ses fonctions, mais aussi comme militante d’UNIR, parti pour lequel elle a conquis pour la première fois un siège de député lors des législatives de 2013 dans le Vo.
Haut cadre :
Selon sa biographie officielle, la nouvelle Premier ministre a intégré en 1978 la faculté des Sciences Économiques et de Gestion (FASEG) de l’Université du Bénin (devenue université de Lomé, Togo), dont elle sortit diplômée en Maitrise en Sciences Économiques et de Gestion (option gestion d’entreprises) en 1982.
À l’étranger, elle obtient un diplôme en marketing spécialisé en général management finance au Jutland Technology Institute AARHUS en 1988 au Danemark puis un Orchestrating Winning Performance à l’International Institute for Management Development à Lausanne (Suisse) en 1996.
Elle poursuit son parcours académique grâce à l’Université virtuelle de Développement du PNUD New York en association avec la Jones International University (États-Unis) avec en poche un « diplôme de spécialisation » (équivalent du Diplôme d’études supérieures spécialisées) dans les domaines d’intervention couverts par le PNUD.
Victoire Tomégah-Dogbé commence sa carrière à l’Industrie Togolaise des Plastiques (ITP) où elle est promue de 1986 à 1988, d’abord chef du personnel puis chef service approvisionnement. Ensuite, elle est appelée à prendre la direction administrative et financière à l’ITP de 1988 à 1992.
En 1992 elle quitte l’ITP et devient la responsable du réseau à Shell Togo. Après un an passé à Shell, elle retourne à l’ITP et en devient la directrice générale de 1994 à 1998.
Elle fait ensuite ses armes au PNUD. D’abord comme assistante représentant résident chargé des opérations du PNUD au TOGO de 1999 à 2002, elle sera par la suite assistante représentant résident chargée des opérations du PNUD au Congo-Brazzaville de 2002 à 2004, puis représentante résident adjointe chargée des opérations du PNUD au Burkina Faso de 2004 à 2007. De 2007 à 2008, elle est représente résidente adjoint du PNUD au Bénin avant de rejoindre le gouvernement Houngbo.
Après Yawa Tségan, président de l’Assemblée nationale, Victoire Tomégah-Dogbé est la deuxième femme occupant l’un des postes les plus importants du pays.