L’affaire de viol d’une jeune masseuse dont est accusée la personnalité politique sénégalaise la plus en vue, a fini par embraser le pays. Depuis son interpellation fin de semaine dernière, la terre de la Teranga, dont on vantait le caractère calme et paisible n’est plus reconnaissable.
Un déferlement inédit de violences s’est emparé de plusieurs villes et la tension reste palpable, en dépit de la libération sous contrôle judiciaire d’Ousmane Sonko.
On est aujourd’hui très loin d’une simple affaire de mœurs et d’un dossier opposant deux citoyens. On est tout autant loin d’une crise politique, dont la rivalité entre Macky Sall et son principal opposant serait l’origine. En réalité, ce qu’exprime en creux la colère de la rue, c’est davantage un ras-le bol social et les insoutenable difficultés économiques exacerbées par la pandémie de la COVID-19, ses restrictions et ses dégâts sur les activités.
Celle-ci a, un peu plus encore, poussé dans la précarité et la misère tout un pan d’une population qui manquait déjà de beaucoup de choses. Car derrière le cliché de carte postale d’un Sénégal flamboyant, politiquement stable avec une démocratie confirmée, socialement apaisé sans conflits communautaires, économiquement un modèle pour la plupart des pays de la sous-région, se cache une réalité. Celle qui n’est pas si différente de ce que peuvent vivre les populations d’ailleurs.
C’est donc à une révolte sociale qu’on a assistée ces derniers jours à l’instar du mouvement des gilets jaunes français. L’affaire Sonko n’a été que le déclencheur et le catalyseur d’une fronde souterraine, qui a enlevé le couvercle d’une marmite qui bouillonnait depuis longtemps.La réponse du président sénégalais devrait donc nécessairement prendre en compte cette réalité. Des paroles pourraient calmer temporairement ceux qui tiennent les barricades. Mais seuls les actes et les réformes apaiseraient de façon pérenne le pays.
La réponse sociale ne saura cependant être exclusive de celle politique. Certains des adversaires de Macky Sall lui reprochent d’écarter toutes les figures majeures de son opposition en instrumentalisant la justice. Ils le soupçonnent par ailleurs d’être tenté par un 3è mandat. Ils étaient aussi dans la rue. Eux ne se satisferont certainement pas des seules mesures sociales. La copie du discours du 08 mars sera sans doute à revoir.