À Lomé, plusieurs quartiers ont été le théâtre, ce jeudi 26 juin, de tensions entre manifestants et forces de l’ordre à l’occasion du lancement d’un mouvement de contestation populaire annoncé pour durer trois jours. Initiée sur les réseaux sociaux par un collectif de blogueurs et d’influenceurs dénonçant la mauvaise gouvernance, la mobilisation, interdite par les autorités, a donné lieu à des scènes de dispersion dans plusieurs zones de la capitale.
Les premiers incidents ont été signalés en fin de matinée dans le quartier de Bè-Kpota, entre le rond-point Cimetière et les abords de l’aéroport. Une patrouille de police est intervenue pour disperser un groupe de jeunes rassemblés. L’usage de gaz lacrymogènes, des poursuites à pied et une forte présence sécuritaire ont rapidement transformé les lieux en zone sous tension. Des scènes similaires ont été rapportées à Attiegou et aux environs de la Colombe de la Paix, point de ralliement symbolique des mobilisations citoyennes, où des manifestants tentant de converger vers l’Assemblée nationale ont été interceptés.
D’autres foyers de tension ont été observés à Akodéssewa, Bè-Aklassou et aux abords de la Colombe, où les forces de l’ordre ont procédé à des dispersions préventives. Le dispositif sécuritaire déployé est important. Des barrages policiers ont été mis en place à Atikoumé, Tokoin-Habitat, Adidogomé, Agbalépédogan et sur d’autres grands axes. Si aucun affrontement majeur n’a été officiellement confirmé, la situation reste tendue : la circulation est ralentie, la présence policière visible, et de nombreux habitants ont préféré rester chez eux. Dans les marchés d’Assiganmé et de Bè, plusieurs commerçants ont gardé porte close.
Les autorités avaient pourtant averti. À la veille du mouvement, les ministères de l’Intérieur et de la Sécurité avaient rappelé qu’aucune manifestation non déclarée ne serait tolérée. Le ministre de la Réforme du service public, Gilbert Bawara, a mis en garde contre « toute tentative de déstabilisation orchestrée depuis l’étranger » et appelé les citoyens à ne pas céder « aux appels à la désobéissance venus des capitales étrangères ».
La contestation, essentiellement relayée via TikTok, WhatsApp et X (ex-Twitter), échappe aux canaux traditionnels de la société civile organisée, rendant son encadrement difficile pour les autorités. Cette nouvelle forme de mobilisation, portée par une jeunesse urbaine en quête de reconnaissance et de perspectives, souligne le décalage croissant entre institutions et aspirations citoyennes. Les organisateurs appellent à maintenir le mouvement jusqu’au samedi 28 juin. D’ici là, le gouvernement entend maintenir sa posture de fermeté, misant sur le contrôle sécuritaire pour prévenir toute escalade.
