Dans un contexte de développement de l’écosystème industriel local, induit de la Feuille de route gouvernementale dont l’inauguration il y a quelques semaines de la Plateforme industrielle d’Adétikopé fut l’une des manifestations, CIMTOGO filiale du groupe allemand HeidelbergCement, vient de réaliser l’extension de son usine située dans la zone portuaire. Après plusieurs mois de travaux et un investissement d’environ 20 milliards FCFA (30 millions euros€), la société commercialise depuis la mi-juin les premiers sacs de ciment produit par un 4è broyeur flambant neuf. Et la multinationale ne compte pas en rester là. Elle annonce d’ores et déjà d’autres investissements majeurs à venir dans le pays.
Dans une aile de l’imposante usine de CIMTOGO située à l’Est de Lomé, trône majestueusement désormais un troisième broyeur. Après une période de test, les premiers sacs de ciment produit, par cette nouvelle infrastructure sont déjà sur le marché.
Pour réaliser l’extension du site avec ce bijou à la fois technologique et écologique comme le décrivent les dirigeants de l’entreprise, il a fallu 18 mois de travaux.
Pour produire le ciment, le procédé est globalement décomposé en 12 étapes clés, avec l’étape importante du broyage. De fait, le broyeur est une pièce maîtresse dans le processus de production. Comme son nom l’indique, il sert à broyer le clinker avec plusieurs autres constituants, à les doser dans les proportions définies par les normes internationales, auxquels peuvent être ajoutés notamment des agents de mouture. Le mélange broyé ainsi obtenu passe dans un séparateur de particules qui permet d’obtenir une poudre fine, de répartition granulaire ciblée et très régulière : le ciment. CIMTGO a opté pour un broyeur dont la technologie est à boulets et à l’orientation horizontale.
Un investissement de 20 milliards FCFA
L’objectif visé par l’entreprise avec l’extension de son usine est d’accroître sa capacité de production qui devrait passer de 1,1 million à 2, 1 million de tonnes annuels, mais aussi celle de stockage. Ce qui devrait lui permettre de livrer à ses clients en un temps record. Coût total de l’investissement : environ 20 milliards FCFA (30 millions€). Qui plus est, dans un contexte de pandémie due à la COVID 19. Preuve que la multinationale croit aux potentialités ainsi qu’ aux opportunités d’affaires qu’offre le Togo. « Cet investissement est une marque de plus de la confiance du groupe Heidelbergcement en les perspectives de l’économie togolaise. Il continuera à apporter sa contribution au développement et au renforcement d’une économie basée sur la transformation des ressources nationales dans le cadre du Plan national de développement », a indiqué à FOCUS INFOS, Eric Goulignac, directeur général du groupe au Togo.
Avec ces 30 millions €, le groupe HeidelbergCement porte désormais ses investissements au Togo à plus de 250 millions € depuis 2011, dont 200 millions pour l’usine de clinker de Scantogo, 20 millions pour la station de broyage à Kara.
100% made in Togo.
Le cimentier revendique une vision intégrée d’utilisation des ressources 100% locales, transformées localement, et génératrice de plus-value/compétence et d’emplois, en conformité avec le PND. Il fait la promotion d’une industrie togolaise de transformation de ses ressources minières dans la production de clinker et de ciment « 100% made in Togo ». Ainsi, avec cette extension, l’usine de Lomé recevra 100% de sa matière semi-finie qu’est le clinker en provenance de Scantogo, l’ autre filiale du groupe située à Tabligbo, à 80 kms au nord-est de Lomé. « Ce choix contribuera non seulement à l’amélioration de la balance des paiements du Togo en empêchant la fuite de capitaux par l’achat de ciment/clinker extérieurs, mais également à la décongestion du port minéralier grâce au clinker produit localement » explique Eric Goulignac.
Par ailleurs, outre les centaines de personnes mobilisées pendant la réalisation du projet, l’extension de l’usine devrait générer 1000 emplois supplémentaires. « Le projet réalisé par CIMTOGO grâce à d’importants investissements cadre bien avec les aspirations du gouvernement, formulées notamment dans l’axe 2 de la Feuille de route qui ambitionne la transformation structurelle de l’économie par la création de richesse et d’emploi » et l’accompagnement des investisseurs » s’est réjouie Mme Kayi Mivédor, ministre de la Promotion de l’Investissement.
Considérations environnementales
L’investissement réalisé par HeidelbergCement s’est accompagné de fortes améliorations des performances environnementales (poussières et bruits), et de l’utilisation des Best Available Technologies (BAT) dans l’exécution du projet. Mais également d’une prise en compte encore plus importante de la RSE (Responsabilité sociale des entreprises) à travers le reboisement, l’électrification , la rénovation de l’hôpital de Tabligbo avec Wacem, la protection de la biodiversité et des espèces dans le delta du Mono, les bâtiments scolaires, les forages, la réhabilitation du marché de Monénou, les dons divers etc.
Plus généralement, la multinationale annonce un plan quinquennal 2025-2030 pour la réduction de son empreinte carbone. Il s’agit de produire entre autres des combustibles alternatifs ou de substitution comme de la biomasse notamment sur le site de Scantogo à Tabligbo. Et de l’énergie photovoltaïque de 11 MW avec deux centrales sur les sites de Lomé et de Kara, pour un investissement de 7 millions €.
50 ans d’histoire
Il y a 50 ans naissait à Lomé, CIMTOGO (Ciments du Togo) dans le cadre d’un projet régional CIMAO (Ciment de l’Afrique de l’Ouest). L’initiative de la création de cette société émanait de l’Etat togolais et du Groupe Lambert & CIE. En 1996/1997, le Togo cède sa participation au groupe norvégien SCANCEM qui sera contrôlé plus tard par Heidelbergcement.
Devenu propriétaire de SCANCEM, HeidelbergCement deviendra propriétaire de CIMTOGO. Le groupe estime la capacité de production de ciment de cette usine à 750 000 tonnes par an. En 50 ans, la filiale togolaise du cimentier allemand a réussi à capter une importante part du marché togolais dans le secteur devenu très concurrentiel de la cimenterie.
Conforté par une croissance de ses activités, HeidelbergCement réalise en 2013 un investissement de 140 milliards FCFA (258 millions $) avec l’ouverture de sa 2è filiale dénommée SCANTOGO.
Cette usine située à Sika Condji à Tabligbo (préfecture de Yoto), à environ 90 km au Nord de Lomé est dédiée à l’exploitation et à la production à grande échelle du clinker. L’usine a une capacité de production moyenne de 1.5 millions de tonnes par an.
En novembre 2014, SCANTOGO démarre ses activités et devient ainsi la 2è filiale du groupe allemand au Togo et le plus lourd investissement d’une entreprise allemande au Togo. La production est destinée à alimenter les usines du Togo, du Benin, du Ghana et du Burkina Faso qui appartiennent toutes au groupe HeidelbergCement. A terme, l’idée est d’avoir un « complexe industriel moderne » de 258 millions de dollars destiné à la production du clinker et du ciment.
Granutogo, une unité de concassage d’agrégats ( et de production de granulats concassés) située à 72km de Lomé, la capitale togolaise, est une filiale de Scancem International, membre de HeidelbergCement group. Elle a démarré ses activités en 2013 et dispose d’une capacité de production d’environ 1000 t/jour. Le site dispose d’un pont bascule pour la pesée des camions. L’installation de cette unité de concassage d’agrégats s’est faite dans un contexte où le pays était en chantier et où le secteur des BTP avait atteint sa vitesse de croisière, notamment avec la construction, la rénovation ou la réhabilitation des infrastructures routières, portuaires, aéroportuaires, etc.
Kara, une cimenterie flambant neuve
D’un investissement à un autre, l’allemand implante pour un investissement de 7,5 milliards Francs CFA, une cimenterie à Awandjelo (environ 400 km de la capitale) et le 15 juillet 2015, la nouvelle unité industrielle de production de ciment a été inaugurée par le Chef de l’Etat Faure Gnassingbé.
Elle porte la production de ciments à 1 million environ de tonnes par an pour le groupe et participe à une stratégie visant à desservir en matériaux de construction notamment le ciment, tout le territoire. Elle est une « réponse concrète aux difficultés que rencontrent les populations des régions septentrionales du pays à se procurer du ciment à certaines périodes de l’année. Désormais, elles n’iront plus s’approvisionner à Lomé. Elles trouveront le ciment dont elles ont besoin pour réaliser le rêve de tout togolais d’avoir un chez soi en dur sur place ici même à Kara, aussi bien en quantité qu’en qualité » avaient alors expliqué les dirigeants.