Covid-19 : les DJs sont à l’agonie

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Ambiance dans une boite de nuit (Photo archives)

Si l’allègement progressif des mesures visant à rompre la chaîne de propagation du coronavirus a permis la réouverture des bars, il n’a pas favorisé celle des boites de nuit. Victimes collatérales de cette situation, les DJs (Disk-Jokeys) en paient le plus lourd tribut.

Désolation
Les DJs, ceux qui officient discothèques et offrent du plaisir aux clients au rythme de la musique, passent des moments très pénibles. Et pour cause, depuis mars, les endroits où ils font leurs prestations sont fermés, sur décision gouvernementale. « C’est difficile et compliqué », a juste pu dire Marion Dj le cœur serré, rejoint par son collègue Orlando DJVJ : «Cette pandémie nous a vraiment fait un mal fou, nous sommes encore sous le choc des événements ».

« C’est une période très difficile pour les Dj. Surtout que les frontières sont fermées et que les clients dépensiers venant des pays voisins ne viennent plus. Plus de Nightlife, plus de salaire, plus de pourboire. Ce qui fait que tous les jours nous nous cherchons », renchérit Dj Diamonds, le délégué Togo du « 228 Pro Deejays », regroupement des Djs togolais exerçant aussi bien au Togo qu’à l’étranger.

Toutefois, cet impact est diversement ressenti par les DJs, selon qu’on soit exclusivement employé d’une boîte, ou employé d’une structure qui en plus d’avoir une boite, détient un bar, ou encore selon qu’on ait une autre activité, principale. « C’est vrai, le gouvernement a pris cette décision pour nous protéger mais on vit vraiment mal ces périodes car financièrement, ça ne va pas du tout. Néanmoins je travaille dans une structure qui a en plus d’une boite, a une terrasse donc avec l’autorisation de rouvrir les bars, notre terrasse a rouvert ses portes ; ce qui atténue un peu la situation », déclare Dj Flash avant d’ajouter que pour ses collègues qui n’officient qu’en boîte de nuit, la situation doit être plus qu’intenable.

Le constat est amer partout : « cette période de pandémie est assez difficile pour bien de secteurs, mais certains sont au bord de la rupture et parmi eux, celui de l’événementiel dont nous faisons également partie », se désole DJ Kwest le président de « 228 Pro Deejays », résidant en Belgique. « Heureusement pour nous qui sommes à l’étranger et surtout en Occident, le deejaying constitue un second job pour la plupart, et donc bénéficions d’un statut d’indépendants. Ceux dont c’est le second job, sont couverts par leur emploi principal, d’une manière ou d’une autre », note-t-il.

« Abandonnés ! »

Les DJs togolais se sentent abandonnés, voire ignorés. « On se sent vraiment délaissé, et c’est la confirmation que l’Etat ne reconnait pas le travail de Dj que nous faisons. Et pourtant, lorsqu’on organise des fêtes dans les entreprises, lors des campagnes ou encore des fêtes privées, ils nous sollicitent », déplore avec amertume Dj Diamonds. « On est quasiment au bord de la dépression. Or c’est nous qui donnons la joie au cœur de tout ce monde », se plaint-il.
« C’est une guerre au quotidien, je ne sais comment l’expliquer. Il n’y a rien que des dettes qui s’accumulent, surtout les factures de fin du mois depuis au moins cinq(5) mois déjà », se lamente Marion Dj.

« Aucune aide venant des artistes, ni des promoteurs. Cependant, un client dont je vais taire le nom s’est souvenu de tous les Djs en nous envoyant un Tmoney. Sinon tout ce beau monde qui dit nous aimer n’a aucune pensée pour nous en ce moment », déplore Diamonds.

Malgré les difficultés, ils ne se laissent pas abattre. Certains Djs comme Flash et Diamonds s’adonnent à leurs activités secondaires pour atténuer les effets de la crise. Orlando DJVJ quant à lui a opté pour la digitalisation de son travail en vue de toucher des revenus en ligne et sur les réseaux sociaux.

SOS !
Face à la crise, les Djs espèrent une réponse des autorités. Ils s’attendent à ce que leur activité soit prise au sérieux car : « ils apportent aussi un plus à l’économie du pays par le biais de ces discothèques».
Pour Dj Kwest, un budget aurait dû être voté pour venir en aide au monde culturel et à ces acteurs et par ricochet aux Djs, comme en Belgique : « pour les Djs indépendants, la situation est un peu plus difficile mais ils ont eu droit à des primes de l’Etat ».

«Des millions sortent de la nuit grâce aux Djs. Ils n’ont qu’à accepter le Deejaying comme tout autre métier et mettre des accompagnements et du sérieux dans ce que nous faisons. Parce qu’eux aussi, ils dansent. Et c’est nous qui les faisons danser », tranche Diamonds.