Haro sur le baudet

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Les images de sextape et quasi-pornographiques devenues virales depuis et  dont les acteurs sont des élèves d’établissements scolaires de Lomé ,  –même si certaines proviennent après vérification d’autres pays- ont choqué adultes, parents, éducateurs etc.

Elles sont symptomatiques d’une époque qui questionne sur la place des valeurs , de la morale et du respect des interdits  dans notre société. A juste titre, le concert de condamnations a été unanime et les autorités ont annoncé des sanctions, que tout le monde souhaite exemplaires.

Mais une fois que drapés de notre manteau de vertu, nous avons crié « haro sur les baudets »,  « évitons d’être  clercs pour prouver  par notre harangue qu’il faille  dévouer ces maudits adolescents, ces pelés, ces galeux ».  Et dans l’excès, les considérer comme des damnés de la terre.

En effet, qui d’entre nous, la main sur le cœur, peut-il jurer qu’au cours de son cursus dans le secondaire, n’a jamais eu vent d’amourette et d’aventure entre élèves, se concluant par des relations sexuelles ? Si les table-bancs, les salles de classe, les arbres, les murs des établissements scolaires pouvaient raconter toutes les histoires dont ils furent témoins , beaucoup ravaleraient leur facile indignation et se verraient tout penauds.

C’est dire que le phénomène décrié n’est pas nouveau, sauf qu’il se déroulait  loin des yeux indiscrets et sous le voile d’une opportuniste pénombre. Sauf surtout que c’était un monde où les IPhone et Samsung n’immortalisaient pas ces délires punissables d’adolescents pour être relayés sur Instagram, Facebook ou encore Whatsapp. Les seules informations sur ces ébats entre élèves relevaient de la rumeur et de la vantardise de l’étalon pour impressionner ses copains. Pas vu, pas pris donc.

La deuxième raison pour laquelle les élèves incriminés ne devraient pas devenir définitivement des bannis,  est que le  monde contemporain est envahi de sexe : à la télévision,  à la radio, au cinéma, dans les publicités et surtout sur les réseaux sociaux, sans aucun contrôle. Difficile dans ces conditions d’exiger des adolescents de faire la part des choses et de s’auto-discipliner, alors que leur environnement est pollué de sexe par la faute des adultes.   La responsabilité des parents au minimum laxistes voire démissionnaires, celle des éducateurs, des enseignants, et de la société en général sont tout autant engagées.

Faisons donc preuve de modération dans la condamnation et rassurons-nous : l’école et la jeunesse togolaises ne détiennent pas le grand prix de la dépravation : de Cotonou à Abidjan, en passant par Dakar, Antananarivo ou Naïrobi, ce sont les mêmes constats sur les mœurs. Aux adultes donc d’assumer leur rôle pour maintenir un peu « d’ordre moral ».