Il flotte plus haut !

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Depuis jeudi dernier, le drapeau togolais flotte dans le ciel britannique, aux côtés des 55 autres, formant ainsi la grande famille du Commonwealth. Au-delà d’un succès diplomatique pour le pays francophone qui n’a pas pour autant rompu les liens avec la France ni avec la Francophonie, c’est l’aboutissement des efforts de longue haleine, soutenus par une diplomatie active.

Et si au départ, l’idée qu’un pays francophone adhère au Commonwealth des nations, une organisation à dominante anglophone paraissait quelque peu incomprise et alimentait même des commentaires passionnés, aujourd’hui, l’appartenance du Togo aux deux organisations à savoir le Commonwealth et la Francophonie, ne présente rien d’antinomique.

Comme le Rwanda et le Gabon, le pays de Faure Gnassingbé rompt avec le « sectarisme francophone», sans toutefois couper le cordon ombilical avec la France et la Francophonie. Comme pour dire que le rêve de grandeur du Togo ne saurait s’enfermer dans le cocon franco-français.

Alors que l’univers entier s’anglicise et qu’en plein cœur de la France, le bilinguisme (Français-Anglais) est devenu chez certains employeurs, une condition sine qua non à toute éventuelle embauche, au moment où l’Anglais s’impose comme la langue du business, c’est une gageure que de chercher à rendre réversible le glissement vers l’univers anglophone.

Oui, c’est un truisme. Le mariage du Togo avec le Commonwealth ressemble davantage à un mariage de raison. Le patron de la diplomatie togolaise n’avait pas fait mystère des motivations de ce choix lorsqu’il déclarait que l’adhésion au Commonwealth « aiderait le Togo à développer des liens plus étroits avec les pays anglophones, lui ouvrant ainsi de nouveaux horizons en dehors de la sphère d’influence de la France en Afrique occidentale ».

Une reconnaissance à peine voilée, des limites des relations exclusives avec les pays d’expression française, la France en tête. Davantage d’opportunités, l’ouverture à un marché de plusieurs milliards d’habitants, et à des investisseurs en quête de créneaux porteurs. Welcome !

Faure Gnassingbé « himself » a indiqué que l’idée était d’ériger des ponts et non des barrières. Les premiers dividendes sont déjà à saluer avec la promesse du Royaume-Uni de garantir à hauteur de 50 milliards FCFA, un prêt dédié aux travaux routiers au Togo…Qu’à cela ne tienne.

Au-delà des discours officiels qui véhiculent un message de fermeté de l’Etat sur la question des droits des communautés LGBT et consorts, dites minorités sexuelles, la posture noniste des autorités togolaises pourrait ne pas être tenable, pour encore longtemps. Ceci pourrait être le pendant des avantages sus-énumérés.

Il ne serait pas dénué de sens de se demander si le projet d’adhésion du Gabon au Commonwealth était totalement étranger au rétropédalage de ce pays sur le sujet. Certes, l’adhésion au Commonwealth ne signifie pas la signature d’un pacte pro-LGBT. Sans doute non plus, de nombreux membres du Commonwealth ont encore des législations anti-LGBT.

Toutefois, les pressions de la Couronne Britannique sur ces derniers sont loin d’être négligeables. Bien malin qui saura donc prédire la posture du Togo, dans les cinq ou dix prochaines années.