« Il nous fallait une organisation locale mais aussi professionnelle en vue d’accompagner le gouvernement dans ses efforts »
Les opérateurs économiques exerçant dans le Concassage au Togo pourront désormais se faire entendre d’une seule voix et ce, à travers la Centrale des carrières de Concassage du Togo (3C-Togo). Une Organisation que ces derniers ont portée sur les fonts baptismaux au terme d’un congrès constitutif tenu le 26 mai dernier à Lomé. Dans cette interview exclusive accordée à Focus Infos, Passimzoue Issizaiwa, le Secrétaire Général de cette nouvelle structure, revient sur les raisons ayant conduit à la création de la Centrale, les grandes lignes des actions qu’il inscrit à son agenda au cours de son mandat ainsi que les défis majeurs à relever. Lire l’interview.
Focus Infos : Quelles sont les raisons qui ont concouru à la mise en place de la Centrale des Carrières de Concassage du Togo ?
Passimzoue ISSIZAIWA : En tout premier lieu, recevez nos remerciements pour cette opportunité qui nous est offerte de nous exprimer, et d’échanger avec vous sur les questions relatives à notre domaine, et aussi de partager avec vous, la fierté que nous ressentons de vous voir vous intéresser à notre corporation.
Le domaine d’activité de la Centrale des Carrières de Concassage du Togo (3C-Togo) est peu connu des Togolais, malgré l’engouement et les efforts quotidiens des acteurs à ce que nos produits qui font partie des 04 produits de base nécessaires dans la réalisation d’un ouvrage (bâtiment, route et ouvrages d’arts…), puissent être connus du consommateur. Sachez avant toutes choses, que le domaine est marqué par des difficultés énormes et un désordre anarchique qui y règne depuis quelques temps, nécessitant une réorganisation, un assainissement constant.
Il faut aussi, comprendre que dans la vision nourrie par les plus hautes autorités de notre pays, notamment à travers les axes 2 et 3 de la feuille de route gouvernementale 2020-2025 qui prévoit de dynamiser la création d’emplois en s’appuyant sur les forces économiques, la modernisation du pays et le renforcement de ses structures, il nous fallait une organisation locale mais aussi professionnelle en vue d’accompagner le gouvernement dans ses efforts.
FI : Quelles sont les grandes missions de votre mandat ?
P.I. : Plusieurs actions seront menées durant notre mandat. Notre priorité sera de mieux nous organiser et converser désormais en un seul et même langage entre professionnels dudit domaine. Ce qui a d’ailleurs commencé avec l’harmonisation des prix de nos produits depuis quelques temps.
Aujourd’hui, pour tout granulat, le prix est uniforme dans toutes les carrières, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. Nous envisageons aussi progressivement d’ évoluer vers un système de notation assorti des normes de qualités internationales telles que sont les certifications ISO, entre autres.
Nous allons de même œuvrer à travailler en étroite collaboration avec les services concernés de l’administration publique en vue d’harmoniser les normes et pratiques minières, environnementales et sociales sur toutes nos carrières. Nous organiserons aussi au cours de notre mandat, des formations groupées et collectives pour les ouvriers ou employés de toutes nos carrières en sécurité / santé / secourisme et surtout en sauvegarde et protection de l’environnement.
Sous un autre volet et non des moindres, vous suivez avec nous l’évolution, et vous êtes au courant du prix des produits pétroliers sur le marché ; or le fonctionnement de notre activité très industrielle dépend des produits pétroliers essentiellement du gasoil, des lubrifiants, des explosifs etc..; à cet effet, nous nous voyons obligés de travailler en symbiose, avec le gouvernement pour offrir des produits accessibles, de qualités et à des prix convenables à nos concitoyens. Le dernier point est lié au foncier. Trois-quarts (¾) des problèmes fonciers que reçoivent les tribunaux, sont liés aux domaines abritant les roches.
Au début de nos activités, les domaines fonciers nous étaient baillés, moyennant des coûts abordables mais depuis quelques temps, nous constatons un regain d’intérêt de la part des propriétaires des domaines, qui cherchent à nous vendre lesdits domaines, en déphasage avec les normes puisque, même s’ils sont propriétaires des espaces, l’Etat reste propriétaire régalien des gisements ; raison pour laquelle nous devons encore travailler avec l’Etat et surtout les institutions compétentes (Tribunaux…) pour imposer un barème ou une norme tarifaire de bail, imposable à tout propriétaire foncier abritant une roche .
FI : Vous avez lancé à l’issue de votre élection un appel aux acteurs de votre secteur d’activité à s’unir. Quels sont les moyens dont vous disposez pour atteindre ce but ?
P.I. : La bonne nouvelle, c’est qu’on sent un besoin de tous les acteurs du domaine et un engagement de la part de chacun pour la création d’un dynamisme et une évolution collégiale.
FI. : Trois (03) années vous semblent-elles suffisantes pour réaliser les projets prévus dans votre plan d’action ?
P.I. : Il est vrai que 03 ans paraissent peu, parce que les défis sont énormes ; et le chantier est vaste mais le plus important est de commencer, de s’appliquer avec sérieux et abnégation, et après les 03 ans, on en tirera le bilan.
FI : Aujourd’hui le gouvernement encourage les entreprises au respect de leur responsabilité sociale ; Que comptez-vous faire dans ce sens ?
P.I. : C’est une obligation prescrite par les arrêtés nous octroyant le permis d’exploitation, de consacrer 0,75% de notre chiffre d’affaires pour développer les localités auprès desquelles nous exploitons nos carrières. En plus, nous sommes tenus d’être à l’écoute de ces populations locales et de veiller à ce que ces populations aussi tirent profit de nos activités à travers des œuvres sociales.
Aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous enorgueillir que le bilan est très positif, mais il n’est pas non plus mauvais. Nous allons intensifier la sensibilisation de nos pairs, mais également une concertation plus accrue avec ces populations pour un partenariat plus fructueux.
FI : Quel est votre message à l’endroit des promoteurs, opérateurs économiques, directeurs d’entreprises et acteurs du concassage ?
P.I. : Notre message à l’endroit des promoteurs, opérateurs économiques et Directeurs d’entreprises, c’est de les inciter à beaucoup plus d’investissement dans le secteur minier.
Quant aux acteurs du concassage, nous leur demandons de se mobiliser et de s’engager rigoureusement dans l’application des décisions que nous aurons à prendre. Je vous remercie.