Bien au creux de la vague sur fond de défiance et d’appels à toute rupture avec la France dont les pratiques agacent sans détour les peuples africains, Emmanuel Macron n’a pu s’empêcher de proclamer l’ère anachronique de la Françafrique. « Cet âge de la Françafrique est bien révolu et j’ai parfois le sentiment que les mentalités n’évoluent pas au même rythme que nous quand je lis, j’entends, je vois qu’on prête encore à la France des intentions qu’elle n’a pas, qu’elle n’a plus».
Des propos qui pourraient sonner comme un chant de victoire pour ceux qui, au prix d’inlassables efforts et sacrifices, appellent de tous leurs vœux, la renaissance africaine. Une ère où le destin de l’Afrique se décide par les Africains et pour les Africains.
Cependant, ce serait crier trop tôt victoire…Et pour cause. Les relations jugées sectaires entre la France et son pré carré, c’est la nième fois qu’un président français décrète leur fin. Comme dans une tragi-comédie où le « Maître » infantilise ses esclaves en leur annonçant la fin de leur servitude…Sans plus. Libre aux esclaves de réaliser après coup, le gros canular. Jacques Chirac, François Hollande, Nicolas Sarkozy, ils s’étaient tous empressés, avant Macron, de proclamer la fin de la Françafrique.
Les survivances de ce système en vertu duquel la France se plaît toujours dans un rôle paternaliste vis-à-vis des Etats francophones d’Afrique demeurent évidentes…sur les plans économique, monétaire, diplomatique ou militaire.
De fait, les accords militaires liant la France à ses ex-colonies, ont encore de beaux jours devant eux, nonobstant l’annonce d’une réorganisation du dispositif militaire français en Afrique car «il ne s’agit en l’espèce ni d’un retrait ni d’un désengagement mais il est question d’adapter un dispositif».
La fin de la présence militaire française en Afrique prend dès lors des allures d’une véritable arlésienne, quoique décriée avec vigueur. Et rien qu’à analyser le mal-être d’Emmanuel Macron face aux relents souverainistes de nombreux Etats africains s’ouvrant sans complexe à de nouveaux partenaires sur les plans de la coopération économique, commerciale et militaire, l’évidence crève les yeux…Les discours décrétant dépassée l’ère de la Françafrique sont beaux à écouter.
Ils ne refléteront pas en revanche, la réalité à laquelle les Français se sont accoutumés ni celle à laquelle eux et leur président voudront s’habituer. Mutatis mutandis, ceci ressemble fort au duplicata du très célèbre discours de Macron, décrétant la fin du CFA. « Le Franc CFA, c’est fini : « nous rompons les amarres » », avait-il déclamé sous une pression constante du front international anti-CFA.
Plus de 3 ans après, le FCFA ne s’est jamais autant imposé comme monnaie commune aux 8 pays de l’Uemoa. Le fameux ECO, annoncé pour le remplacer et être la monnaie commune de la Cedeao, il y a belle lurette que plus personne n’en a écho. Vidé de toute sa substance au gré des desiderata d’Alassane Dramane Ouattarra, manifestement en mission commandée par Emmanuel Macron, nul ne sait s’il passera un jour, de projet à réalité. Ni encore, ce qu’il en restera, dans l’affirmative.
Le Roi est mort, vive le Roi ! La Françafrique est dépassée, vive la Françafrique !