« Laissez-nous accéder au développement ! » plaide Jonas Daou, patron de Zener et président de l’AGET

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A l’occasion du 1er colloque des Conseillers du Commerce Extérieur organisé à Paris Bercy (France) cette semaine, Jonas Daou, le président  de l’Association des  grandes entreprises du Togo (AGET)  et patron du Groupe Zener, une des figures de l’entrepreneuriat en Afrique, a rappelé de façon très pertinente les relations économiques entre la France et les pays d’Afrique.

Pour Jonas Daou,  une des manies françaises dans le business est de ne pas écouter suffisamment les entrepreneurs africains :  « Dans une relation d’affaires il ne faut pas faire un monologue », a-t-il indiqué.  Cette posture pour lui est source d’ambiguïté et peut certainement faire taxer les entrepreneurs français d’arrogance là où il est besoin de construire un partenariat.

« La relation avec la France est teintée de beaucoup d’émotion et surtout de passion. Chez nous, pour le commun du jeune africain, la France, c’est l’exemple, c’est le pays développé, c’est le pays de la démocratie, c’est le pays de grandes réalisations industrielles, c’est le rêve d’une société à laquelle on voudrait ressembler » explique Jonas Daou.

« Et en même temps,  c’est un rêve teinté de déception.  On  a l’impression de ne  pas être en mesure de l’atteindre et notre jeunesse a le sentiment qu’on ne lui permet pas d’y accéder », constate-t-il.  Ce sentiment de frustration est sans doute au centre des relations d’affaires entre la France et l’Afrique et exige  que les  entrepreneurs français changent  d’approche.

« Dans le cadre économique et des affaires,  il y a très peu de coopération, de partenariats entre entrepreneurs français et entrepreneurs africains. Pourtant,  les entreprises françaises sont présentes en Afrique depuis très longtemps. Cela donne parfois le sentiment chez beaucoup de personnes que lesdites  entreprises  ne sont généralement intéressées que par des activités de rente  et les accords avec les pouvoirs publics, sans vraiment s’intéresser à nouer des relations avec leurs homologues locaux », relève le patron des patrons togolais.

Sur le sujet des visas et des difficultés rencontrées par les élites africaines à venir en France, Jonas Daou explique que « cette question est un réel problème pour les chefs d’entreprise. On comprend qu’on ne peut pas donner de visa à tout le monde.  En même temps, pour les chefs d’entreprise et  pour les étudiants, ça semble parfois être un non-sens. En effet, pour le commun des jeunes africains, l’éducation à la française, c’est sans doute l’une des meilleures, c’est celle que nous connaissons le plus et c’est donc le rêve de beaucoup de jeunes. »

L’homme d’affaires souligne que pour les chefs d’entreprises africains,  venir apprendre de la qualité française et de son modèle d’entreprise, c’est important. « On commence à se développer et le souhait, c’est de pouvoir apprendre et copier des standards internationaux. C’est important aussi, me semble-t-il,  pour la France que ses entrepreneurs aient de réels relais et des partenaires en Afrique pour diversifier et rendre efficiente sa présence. Finalement, il  y a beaucoup de contradictions quand on est francophone, on estime que ça devrait être plus facile… mais parfois c’est plus compliqué. »

C’est sans doute l’illustration parfaite d’une France qui se cherche sans avoir de direction dans cette relation. Il est temps de trouver une ligne de conduite cohérente, loin de la politique, et plus proche des réalités. « Que les entrepreneurs français parlent directement aux entrepreneurs africains sans intermédiaire et vice versa, pour développer ensemble un partenariat et un écosystème de coopération économique », a plaidé le dirigeant de Zener.

 

Source : Lettre Internationale