L’ANC peut-elle rebondir ?

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Huit mois après sa débâcle historique à l’élection présidentielle, l’Alliance nationale pour le changement (ANC) a fait sa rentrée politique le 14 octobre dernier, en tenant un conseil national. Ses dirigeants ont appelé les militants à la remobilisation. A raison car en dépit des apparences, le parti de Jean-Pierre peut légitimement croire à un rebond.

Ils n’ont pas totalement digéré leur humiliante défaite au scrutin du 22 février dernier. Ce n’est donc pas à une rencontre conquérante que les cadres du parti orange ont participé il y a une semaine. L’ambiance ne fut pas non plus celle de l’époque d’une ANC triomphante, écrasante voire méprisante envers les autres partis de l’opposition.

Malgré tout, la formation de Jean-Pierre Fabre reste combative, décidée à ne pas se laisser enterrer. L’analyse politique , sempiternelle,  n’a pas bougé d’un iota : « nous faisons face à une dictature militaire à façade civile. Il faut changer le système qui régente ce pays depuis des lustres » et l’engagement  reste entier : « réclamer des réformes politiques et électorales consensuelles susceptibles d’ouvrir la voie à l’alternance et au changement démocratique au Togo ».

Pour cela, l’ancien lieutenant de Gilchrist Olympio et ses camarades sonnent la mobilisation générale. Et règlent leurs comptes au passage. « Rien ne permet de dire qui est le vainqueur de la présidentielle du 22 février. Les conditions dans lesquelles cette élection s’est déroulée n’étaient pas bonnes ».

Agbéyomé Kodjo, son collègue de l’opposition qui continue à se considérer comme vainqueur du scrutin, appréciera. Mieux (ou pire, c’est selon), on ne les y prendrait plus jamais à s’engager   dans des coalitions d’opposition «  dont les objectifs se révèlent finalement opposés »  à leur vision. En revanche, « le conseil national du parti autorise des synergies d’actions avec d’autres partenaires politiques responsables et sérieux dont l’engagement aux côtés du peuple togolais dans sa quête du changement démocratique est réel».

Raisons d’y croire.

L’ANC a toutes les raisons de croire à une résurrection politique après son déroutant score de 4% au dernier scrutin présidentiel.

D’abord, parce qu’elle reste le parti de l’opposition le plus structuré dans le pays, avec ses 105 fédérations, et organisant régulièrement des instances. Ensuite, malgré le fait qu’elle se soit fait doubler sur la ligne par la Dynamique Kpodzro, elle est l’une des  seules à se prévaloir de nombreux cadres militants encartés et engagés.

A preuve, malgré sa prétendue victoire, Agbéyomé Kodjo qui doit essentiellement sa percée électorale au soutien de Mgr Philippe Kpodzro (celui-ci a  non seulement invité Dieu dans le débat public et joué sur la foi des électeurs, mais a également diffamé les autres leaders de l’opposition), n’a jamais réussi à mobiliser dans la rue , faute de militants. Enfin, elle peut revendiquer de nombreux élus locaux qui peuvent lui servir de rampe de lancement pour les prochaines échéances, et leurs municipalités de laboratoire d’expériences pour élaborer son projet de société.

Le pari n’est pas gagné d’avance ; mais il n’est pas perdu non plus. Son issue dépendra aussi de la capacité de la formation à renouveler son discours et ses hommes.