Législatives 2024 : analyse des forces en présence

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Dans les prochains jours, 4,2 millions de Togolais inscrits sur les listes de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) se rendront aux urnes pour élire les députés de la prochaine législature ainsi que les tout premiers Conseillers régionaux du Togo, à l’occasion d’un double scrutin. Dans cette édition, Focus Infos vous présente la cartographie des 2483 candidats en lice pour la conquête des 113 sièges.

Au total, 2348 candidatures ont été validées par la Cour constitutionnelle du Togo qui a publié la liste le vendredi 22 mars 2024. Selon la publication consultée par FOCUS INFOS, l’ensemble des candidats sont inscrits sur 353 listes portées par 19 partis politiques, 60 groupes indépendants et 2 regroupements de partis (la Dynamique pour la Majorité du Peuple, DMP, et l’alliance Ensemble). 285 listes émanent des partis politiques, alors que 72 proviennent des indépendants.

Ce nombre record de candidats en course pour siéger au parlement togolais, confirme sans doute l’engagement de tous les acteurs politiques togolais, sinon de la majorité à prendre part à ces joutes électorales après les avoir boycottées en 2018.

Dans le lot des dossiers validés par la Cour constitutionnelle togolaise, l’on retrouve des candidats des partis d’opposition qui ont précédemment dénoncé le processus. Aussi sont-ils nombreux, les jeunes en lice. On note des candidats d’année de naissance 1998.

Seulement ¼ des candidats sont femmes

Sur la liste des 2348 candidatures validées, seulement 583 sont portées par des femmes contre 1772 par les hommes. La proportion des femmes correspond ainsi à 25% des Candidats. Le sexe féminin reste sous-représenté malgré la revue à la baisse de frais de cautionnement des femmes à 150.000 FCFA contre 300.000 FCFA pour les hommes.
Dans le détail, le plus grand nombre de femmes est enregistré dans la région maritime, soit plus de la moitié, 362. La région des Plateaux vient en deuxième position avec 91 femmes. La plus grande région administrative du Togo est suivie de la Kara (47 candidatures), la Centrale (43 candidatures) et les Savanes (40 femmes).
On note également que la circonscription de Golfe présente seule, le ⅓ des candidates, soit 168 inscrites sur les 28 listes.

Tous à la conquête de Lomé

Selon les répartitions, le Grand Lomé seul devrait fournir 28 députés, soit 16 pour la préfecture de Golfe et 12 pour celle d’Agoè-Nyivé. Avec ce chiffre, la capitale compte le plus grand nombre de députés avec sa population d’environ 2 millions. Ce qui est vu comme une belle opportunité par les formations politiques.
Ainsi dans la capitale, 48 listes sont-elles enregistrées. Précisément, 28 proviennent de la circonscription de Golfe de 20 d’Agoè-Nyivé.

Autre détail, sur les 72 listes des indépendants engagées dans la course, 20 sont en courses dans le grand Lomé. Précisément, 14 sont validées dans la circonscription de Golfe et 6 dans celle d’Agoè-Nyivé.
Au rang des partis politiques, on retrouve les plus connus notamment l’Union pour la République (unir), parti majoritaire dans la législature sortante. On note également la présence de l’Alliance nationale pour le changement (ANC), de l’Union des Forces de Changement (UFC) (actuelle 2è force politique du pays), de l’Alliance des démocrates pour le développement intégral (ADDI) ou encore du Comité d’action pour le renouveau (CAR).

Les gros «morceaux» d’UNIR

Obtenir une victoire “écrasante” lors des prochaines législatives, c’est l’ambition affichée par le parti UNIR à travers son Président, Faure Gnassingbé lors du congrès statutaire en février dernier à Kara. Pour ce faire, le parti envoie dans la course à la conquête des sièges du parlement, ses militants capables de convaincre l’électorat, notamment les électeurs indécis.
Dans cette dynamique, sur les listes UNIR, sont enregistrés plusieurs de ses cadres, ministres en fonction ou anciens, des députés et des Directeurs de sociétés. Concrètement, on signale la présence de l’actuelle cheffe du gouvernement, Victoire Dogbé, en lice dans la circonscription de Vo.
Son prédécesseur, Sélom Klassou est lui, engagé dans le Haho. A leurs côtés, sont positionnés des membres de l’exécutif, en l’occurrence Dodzi Kokoroko, en charge de l’éducation nationale, Sani Yaya en charge des finances, Atcha-Dédji des transports, Edem Tengué de l’économie maritime.

Sont aussi en course les ministres Kodjo Adédzé, Yawa Kouigan, Rose Mivedor, Myriam Dossou ou encore Odin Eké. De même, le député sortant, Kao Atcholi, Secrétaire exécutif du parti UNIR, Adoyi Essowavana, membre influent du parti bleu, Victor Sossou, PDG de l’entreprise de BTP Midnight Sun ou encore l’actuelle présidente de l’Assemblée Nationale, Yawa Tségan.
Ces acteurs sont l’espoir du parti présidentiel pour avoir au moins les 4/5 des sièges, indique-t-on.

Fabre, Adjamagbo, … plus d’erreur !

Après avoir siégé pour la mandature de 2007 et 2013, Jean-Pierre Fabre, leader de l’ANC et son bras droit Isabelle Ameganvi, ambitionnent de signer leur retour au parlement après le boycott du scrutin de 2018. Tous les deux sont en lice dans la circonscription du Golfe où ils avaient été plébiscités lors des municipales de 2019. Ils auront à leurs côtés pour le combat, Eric Dupuy, conseiller en communication du parti.

Alors que l’ex-lieutenant de Gilchrist Olympio tente un come-back, Adjamagbo Brigitte, l’héritière du parti CDPA de Léopold Gnininvi, et leader du regroupement la « Dynamique de la Majorité du peuple, DMP, branche dissidente de l’ex-DMK », va tenter pour sa part, son entrée dans le parlement. Elle est en tête de liste dans le Golfe pour le compte de son regroupement de partis politiques.

Me Paul Dodji Apévon qui a déjà été député sous les couleurs du CAR, va aussi se présenter, cette fois-ci, sous la bannière de sa propre formation lancée en 2018, « Les FDR, Forces Démocratiques pour la République », après le clash avec son mentor, feu Agboyibo Yaovi.

Taama, Kagbara, Kaboua, rééditer l’exploit

C’était à la surprise générale qu’ils étaient élus en 2018 pour siéger. Leurs partis étant considérés comme des menus fretins, nul ne s’attendait à leur élection.
Alors que pour des observateurs de la politique togolaise, leur vote a été possible en raison du boycott des « gros », ces leaders de parti ont pour défi de rééditer l’exploit pour faire taire leurs détracteurs qui les taxent des fois de “députés nommés”.
Tous les trois sont de nouveau en course dans leur circonscription habituelle. Gerry Taama Président du Nouvel engagement togolais (NET) se présente en tête de liste dans l’Est-Mono, Innocent Kagbara leader du Parti démocratique panafricain (PDP) est dans le Dankpen et Abass Kaboua, n°1 du Mouvement des républicains centristes (MRC), dans le Danyi.

Des dissidents du CAR désormais indépendants

Après avoir claqué la porte du CAR, Jean Kissi, Dagban ainsi que Kolani ont trouvé un moyen pour accéder à l’AN. Ils ont lancé des listes indépendantes.
Jean Kissi porte la liste indépendante Arc-en-ciel dans le Vo. Nador Awoku de son côté, est à la tête de la liste de la rénovation dans la circonscription Agoè-Nyiévé.