Une ultime chance à une solution pacifique au Niger?

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Alors que le spectre d’une intervention militaire au Niger brandi par la Cedeao continue de peser sur la junte au pouvoir après l’expiration dimanche dernier de l’ultimatum accordé aux auteurs du putsch ou de tentative de putsch, c’est selon, de démissionner et rétablir Mohamed Bazoum au pouvoir, un couloir reste frayé en vue de trouver une solution négociée à la crise.

Les putschistes, à en croire le Premier ministre du pouvoir déchu, Ouhoumoudou Mahamadou invité du 64’ sur TV5 Monde lundi 08 août, auraient adressé une invitation à la délégation de la Cedeao de se rendre au Niger hier ou aujourd’hui.

De façon triviale et à moins d’un lunatisme de ceux qui se sont autoproclamés les nouveaux maîtres du Niger, cette mission de bons offices sous les auspices de la Cedeao serait une tentative – peut-être ultime – d’entrevoir une issue pacifique à cette crise ouverte. Car a priori, rien ne pouvait laisser présager une telle évolution.

De fait, les premières tentatives de médiation menées par la communauté des quinze Etats ont connu un flop, la délégation ouest africaine ayant subi un revers face à une junte au pouvoir au Niger qui l’a presque refoulée à l’aéroport. La tentative de médiation du Tchad n’a pas connu un meilleur sort.

Dans le même sillage, ramant initialement à contre-courant d’une solution diplomatique à la crise, depuis les dernières heures, les putschistes ont durci le ton, fermé leur espace aérien à l’expiration de l’ultimatum de la Cedeao et martelé leur détermination à réagir à toute éventuelle déclaration de belligérance. Les ralliements des pouvoirs burkinabè, malien prêts à entrer en guerre aux côtés du Niger en cas d’intervention militaire de la Cedeao s’inscrivent dans cette même logique.

Autant de développements qui, mutatis mutandis, sont censés conforter la junte dans sa posture de «noniste » et braquer celle-ci, alors que les opinions publiques à Niamey, siège du pouvoir nigérien et en dehors, notamment dans certains pays africains, sont fortement opposées à une intervention militaire et qu’au Nigeria, les populations du Nord et le Sénat sont contre le projet de Bola Tinubu d’engager les troupes nigérianes dans une guerre au Niger.

Qu’est-ce qui aurait alors pu infléchir la position du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), engagé dans un dialogue de sourds à distance avec la Cedeao, alors qu’il bénéficie de circonstances en apparence favorables ?

Dans un raisonnement par hypothèse, seraient-ce les sanctions économiques qui commenceraient à faire effet, en ce qu’elles privent le pays de précieuses ressources, notamment celles du marché financier régional ainsi que celles issues de son trafic commercial avec ses voisins du Togo, du Bénin et autres ?

Il est vrai que, de l’avis de nombreux observateurs et même du pouvoir renversé, les autorités autoproclamées ne pouvaient rester inflexibles à cause de la trop forte dépendance du pays sahélien vis-à-vis de l’aide économique internationale coupée à la suite du putsch.

Mais en tout état de cause, le réel défi reste que la junte au pouvoir au Niger et la délégation de la Cedeao accordent leurs violons pour éviter au pays, classé parmi les plus pauvres de la planète en dépit de ses réserves d’uranium et d’or, de sombrer davantage.