Une femme est censée avoir ses règles chaque mois. Mais il arrive qu’avant la période de ménopause, qu’elle n’ait pas ses menstruations. Cette anomalie pousse souvent à réaliser un test de grossesse qui s’avère négatif. Qu’est ce qui peut perturber le cycle menstruel de la femme ? quand doit- on s’en inquiéter ?
L’absence des règles chez la femme est appelée dans le jargon médical, l’aménorrhée. Elle s’exprime de plusieurs manières à savoir celle primitive, primaire et celle secondaire.
L’aménorrhée primitive est la non apparition des règles. Elle apparait chez la jeune femme qui n’a pas de règles et n’en a jamais eues. « Ce sont des cas vraiment rares. Mais ceci est souvent dû à des malformations congénitales», explique le Dr gynécologue Mady Djibril sur la chaîne You Tube du groupe RTI.
Pour ce qui est de l’aménorrhée primaire, cela survient chez les jeunes filles qui ont eu un retard dans l’apparition de leurs premières menstruations. «Généralement, déjà à 9 ans, une fille peut commencer ses règles. Mais il y a des cas où c’est à 18 ans voire la vingtaine que certaines ont leurs menstruations», explique le gynécologue.
L’aménorrhée secondaire, par contre, est la disparition des règles chez la jeune femme qui ne voit plus ses menstruations sans être enceinte. « C’est la plus fréquente et scientifiquement, on parle de spanioménorrhée », informe Dr Dédé Bénédicta Amewoui, gynécologue obstétricienne et responsable de la clinique Groupe médical.
De nature, les règles disparaissent en période d’allaitement, en cas de cycle anovulatoire qui se caractérise par l’absence d’ovulation ou de ménopause ou encore de prise de contraception. En dehors de ces situations, la spanioménorrhée n’est pas un phénomène normal et constitue donc un symptôme dont les facteurs sont à chercher.
Les causes anormales
Les facteurs les plus répandus sont les infections sexuelles à savoir les ovaires micro polykystiques. « C’est l’apparition des kystes qui provoquent des troubles au niveau des ovaires et qui engendrent la spanioménorrhée », détaille Dr Amewoui.
Une synéchie utérine peut favoriser aussi la disparition de menstruations. En effet, selon la responsable de la clinique Groupe médical, une fausse couche qui n’a pas été bien traitée notamment des débris restants peuvent fermer les deux parois , empêchant ainsi l’arrivée des règles. Dans le même cas, les avortements mal pris en charge causent aussi cette anomalie.
L’apparition des règles ayant un lien avec le cerveau, les troubles psychiatriques, une dépression ou un stress chronique sont des facteurs à ne pas négliger. Ces états peuvent nuire temporairement au fonctionnement de l’hypothalamus et provoquer un arrêt des menstruations aussi longtemps que la source de stress persiste. Au même titre, la plupart des femmes qui souffrent d’anorexie mentale, une restriction des apports alimentaires durant plusieurs mois, voire plusieurs années, vivent ce phénomène de disparition des règles.
Un poids corporel trop faible peut conduire à une baisse de la production d’œstrogènes et à un arrêt des menstruations.
« Je pense bien que c’est ce qui m’est arrivé en 2010 quand je faisais un régime sec pour maigrir puisque je voulais être candidate à Miss collégienne. Je ne voyais pas mes règles durant deux mois et plus. Mais dès la fin de la compétition et avec la reprise de mon alimentation normale, j’ai revu mes menstruations », témoigne Gentille, juriste de formation.
La pratique intensive du sport est un facteur à prendre aussi en compte en situation de spanioménorrhée car on observe un manque d’œstrogènes chez les femmes sportives.
Hormis ces facteurs, il y’a aussi des maladies graves telle que le cancer, le diabète, le SIDA, la tuberculose…qui s’accompagnent de perte excessive de poids, et peuvent engendrer l’aménorrhée secondaire.
La prise de certains médicaments comme des corticoïdes oraux, des antidépresseurs, des antipsychotiques, de la chimiothérapie, la toxicomanie peuvent aussi causer l’aménorrhée secondaire.
Une anomalie inquiétante nécessitant une prise en charge
La durée de la spanioménorrhée dépend de la cause sous-jacente. C’est pourquoi dans la majorité des cas, l’arrêt des règles pendant 1à 2 mois a priori, n’est pas inquiétant. Cependant, lorsqu’une aménorrhée de longue date n’est pas traitée, la cause peut finir par atteindre les mécanismes de la reproduction.
C’est pourquoi au-delà de 3 mois après un test de grossesse négatif, la situation devient anormale et inquiétante. « Je veux avoir un enfant mais il y a un problème quand je ne vois pas mes règles pour pouvoir suivre mon cycle et connaître mes jours d’ovulation et tomber enceinte», trouve Dr Amewoui.
L’aménorrhée secondaire qui persiste plus de 6 mois chez les femmes ayant été sous pilule contraceptive, ayant porté un stérilet hormonal ou plus de 12 mois après la dernière injection nécessite une évaluation médicale.
Parlant de traitement, l’aménorrhée secondaire est réversible et se soigne sauf bien sûr pour les cas d’aménorrhée primitive liée à des anomalies génétiques, à des malformations non opérables, à la ménopause ou à l’ablation de l’utérus et des ovaires.
« En cas d’absence de règles due à la synéchie utérine, une opération consistant à ouvrir la synéchie est nécessaire. Si ce sont des ovaires micropolykystiques, on met un traitement en place qui va permettre la normalisation du cycle », détaille Dr Amewoui. Ce traitement permet le développement des caractères sexuels et la fertilité.
Pour les femmes qui ont subi très tôt une ablation chirurgicale de l’utérus et des ovaires, une hormonothérapie de substitution comprenant œstrogènes et progestatifs peut être proposée afin de prévenir l’ostéoporose et d’autres conséquences attribuables à l’abaissement des taux d’hormones circulantes.
Par ailleurs, avant d’en arriver à un traitement adéquat, les mesures préventives de bases sont à adopter. Il faut donc d’abord avoir une alimentation saine avec un poids normal. En effet, les aliments doivent apporter suffisamment de calories pour maintenir un poids santé, mais pas trop, puisque l’obésité contribue aussi à l’aménorrhée. L’objectif est de maintenir un pourcentage de graisses corporelles suffisant.
Le stress doit être évité ou à défaut, bien géré car un prolongement assez long peut conduire à un dérèglement physiologique, notamment hormonal entraînant l’aménorrhée et un arrêt des ovulations.
Une aménorrhée due à l’anorexie ou à un trouble psychologique nécessite en plus du traitement médicamenteux, un suivi par une équipe pluridisciplinaire incluant nutritionniste, psychothérapeute, psychiatre.
Une modération de la pratique d’exercices physiques serait aussi bénéfique au retour des règles. Si la pratique modérée d’exercice aide à prévenir l’ostéoporose, l’excès d’exercice, quant à lui, a plutôt l’effet inverse s’il n’est pas équilibré par un apport calorique supérieur.