A l’occasion de la Journée internationale des veuves célébrée le 23 juin, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, et la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka, ont appelé à ne pas abandonner ces femmes qui rencontrent souvent de grandes difficultés économiques et sont laissées pour compte.
« En l’absence de protection sociale et juridique, les moyens dont disposent les veuves (revenus, économies de toute une vie) sont souvent trop faibles pour leur permettre d’échapper à la pauvreté. Même dans les pays où une pension de retraite décente est assurée, les femmes âgées sont beaucoup plus susceptibles que les hommes d’être pauvres », a déclaré M. Guterres dans un message.
Selon lui, c’est pourquoi les services sociaux sont particulièrement importants pour les veuves qui vivent seules ou ont besoin de soins gériatriques.
Dans de nombreux pays, les femmes ne jouissent pas des mêmes droits successoraux que les hommes et peuvent être dépossédées de leurs terres, de leurs biens, voire de leurs droits, y compris celui de voir leurs propres enfants.
Selon le chef de l’ONU, « il importe également de lutter contre la marginalisation, la maltraitance et la violence que subissent les veuves dans certaines sociétés, y compris les atteintes et le harcèlement sexuels ou le remariage forcé, notamment en s’attaquant aux normes qui servent à justifier la violence et les pratiques coutumières discriminatoires ».
La situation des veuves est particulièrement difficile en période de conflit ou en cas de catastrophe naturelle : leur nombre augmente, les destructions et les déplacements les rendent plus vulnérables encore et la protection sociale et juridique est souvent précaire.
Des veuves peuvent être dépossédées de leurs biens
La cheffe d’ONU-Femmes a rappelé pour sa part que « lorsque la valeur d’une femme dépend de la présence d’un mari, le veuvage peut forcer les femmes à quitter complètement les structures familiales, les rendant particulièrement vulnérables à la pauvreté multidimensionnelle, à la solitude et à l’isolement ».
Les femmes en situation de pauvreté sont plus susceptibles de souffrir du veuvage dès le départ, en raison de la différence d’âge plus grande entre les conjoints des ménages pauvres – ce que favorise souvent des pratiques néfastes comme le mariage des enfants – et de la faible espérance de vie des hommes en situation de pauvreté.
« Bien qu’elles soient présentes en grand nombre dans toutes les sociétés, ces femmes n’en sont pas moins invisibles et ne bénéficient que d’un faible soutien face aux défis auxquels elles font face », a souligné Phumzile Mlambo-Ngcuka.
Selon elle, il existe une série de mesures évidentes que les gouvernements peuvent adopter, notamment en orientant leurs efforts stratégiques vers la sécurité du revenu et la participation économique des personnes les plus vulnérables et les plus exposées à la pauvreté, telles que les veuves.
Par exemple, les États membres peuvent mettre en œuvre et renforcer l’engagement qu’ils ont pris à la 63e session de la Commission de la condition de la femme en mars 2019, soit celui d’investir dans les politiques et programmes axés sur la famille, notamment pour veiller « à la mise en œuvre des mesures appropriées pour protéger et aider les femmes, notamment dans les cas de veuvage, par exemple pour l’accès à l’ensemble de services sociaux et à la justice… ».
« Le respect de ces engagements sera essentiel pour que les veuves puissent vivre dans la dignité et l’autonomie, partout dans le monde », a conclu la cheffe d’ONU-Femmes.