La togolaise Hayathe Ayéva, l’une des porte-voix de la jeunesse africaine à la 3ème Conférence Internationale sur la Santé Publique en Afrique (CPHIA), alerte sur les risques du cancer du col de l’utérus et propose des actions pour prévenir la maladie dans la couche juvénile sur le continent. Elle a poussé un cri de cœur au cours d’une session de l’OMS Afrique coanimée avec d’éminents acteurs du monde de la santé ce 27 novembre 2023 à Lusaka.
L’activiste en santé sexuelle et reproductive, Hayathe Ayéva, dès sa prise de parole, a touché l’assistance avec la tragique histoire de deux jeunes filles brillantes à l’école qui ont perdu trop tôt leur vie parce qu’elles étaient atteintes du cancer du col de l’utérus. L’une s’en est allée à la phase terminale de la maladie. L’autre s’est suicidée avant cette étape en se souvenant de ce que son amie a enduré les derniers moments qui ont précédé sa mort. Pour éviter cette situation désastreuse à de nombreuses jeunes filles en Afrique et au Togo, la présidente du Mouvement d’action des jeunes (MAJ) de l’Association togolaise pour le bien-être familial (ATBEF) a d’abord exposé les défis auxquels sont confrontées les jeunes filles sur le continent lorsqu’il s’agit de cette maladie et surtout de sa prévention.
Ces défis concernent, entre autres, la disponibilité et l’accès des jeunes filles aux centres de santé offrant des soins conviviaux pour avoir accès à l’information et aux services ; la cherté du vaccin et le tabou qui continue d’exister autour des questions liées à la sexualité dans les communautés africaines. « Lorsqu’on parle du cancer du col de l’utérus, c’est d’abord considéré comme une maladie de honte dans nos sociétés. Ceci dû au fait que cette maladie est liée au sexe et parler de sexualité est un sujet tabou dans nos sociétés africaines », a-t-elle commenté.
Pour remédier à cette situation, l’activiste très engagée sur les questions de santé de reproduction propose « une mise à échelle des questions d’éducation sexuelle complète dans les curricula de formation » pour les scolaires et les extrascolaires. « C’est parce que les jeunes filles ne sont pas éduquées sexuellement qu’elles s’adonnent précocement au sexe ; ce qui est un facteur de risque du cancer du col de l’utérus », a-t-elle souligné.
A cette première proposition, Hayathe Ayéva ajoute une deuxième. Elle exhorte les gouvernements et les partenaires techniques et financiers à subventionner fortement l’achat du vaccin pour prévenir le cancer du col de l’utérus. « Le cancer du col de l’utérus tue. Nous sommes touchés que lorsque cela nous arrive ou à nos proches », a rappelé la jeune, nommée récemment au conseil d’administration de la Fédération internationale pour la planification familiale (IPPF) et jeune Ambassadrice de UNICEF au Togo.
La troisième proposition de la jeune togolaise est l’implication des communautés dans le processus de vaccination. « Il est très important de pouvoir préparer nos communautés en amont sur les initiatives lorsqu’il y a ces genres de vaccination et de campagne de lutte contre le cancer du col de l’utérus ; utiliser l’approche communautaire parce que les agents de santé communautaires sont plus proches des communautés », a-t-elle indiqué. Aussi, faut-il, ajoute l’activiste, « mener des études pour comprendre pourquoi les gens sont réticents au vaccin » ; travailler sur les rumeurs et apporter la bonne information pour susciter une adhésion massive. « La jeunesse est le présent et le futur. Pour cela, nous devons investir énormément pour assurer sa santé », a conseillé la présidente du Mouvement d’action des jeunes de l’ATBEF.
Par ailleurs, Hayathe Ayéva plaide pour « l’implication significative des jeunes dans l’élaboration des documents de politiques et programmes de santé » dans chaque pays du continent.
Au Togo, le cancer du col de l’utérus est le 2ème cancer chez la femme après le cancer du sein. Annuellement, d’après le ministère de la santé, le nombre de femmes affectés par le cancer du col de l’utérus dans le pays est estimé à 595 avec 417 décès. Cette maladie liée au papillomavirus humain (PVH) est reconnue par l’OMS comme un véritable problème de santé publique.
Avec l’appui de ses partenaires comme, entre autres, l’Alliance du vaccin (Gavi), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) et le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), le Togo va procéder le 04 décembre 2023 à l’introduction du vaccin contre le virus du papillome humain (VPH) dans la vaccination de routine pour prévenir le cancer du col de l’utérus. D’ores et déjà, une campagne de rattrapage pour les filles âgées de 09 à 14 ans est prévue se dérouler du 27 novembre au 1er décembre 2023 pour toucher environ 656.240 filles.