Les travaux d’Hercule du ministre AYEWOUADAN

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Dans le milieu médiatique, on a beaucoup commenté cette note du 20 novembre dernier adressée aux responsables des médias d’Etat par le Pr Akodah AYEWOUADAN. Le ministre de la Communication, des Médias et Porte-parole du Gouvernement y fait désormais interdiction aux journalistes, reporters, cameramen et preneurs de sons de percevoir de l’argent sur le terrain, en contrepartie du traitement des reportages pour lesquels ils ont été sollicités. Si la mesure cible avant tout les journalistes et auxiliaires de la presse relevant du public, ceux-ci n’en ont pourtant pas le monopole, loin de là ; la pratique étant presque aussi vieille que l’apparition des médias privés dans notre pays.

Pour l’officiel, non seulement de tels agissements n’honorent pas la corporation mais ils  violent  au surplus le Code de déontologie.

Ceux qui ont le plus applaudi cette annonce sont incontestablement les organisateurs d’évènements ou de manifestations de toutes natures, heureux non seulement de faire économie du budget traditionnellement consacré à la couverture médiatique,  mais également  d’échapper aux harcèlements dont ils peuvent faire l’objet de certains professionnels de l’information indélicats.

Au sein de la corporation, le sujet fait débat. A raison.  Quelques brebis égarées avides de gain facile et dont la paresse caractérise principalement l’exercice de leur métier, en font un casus belli ; y voyant une tentative de les priver de leur « gagne-pain ». Mais la majorité s’accorde  sur le constat du ministre et sur la nécessité de mettre fin à des pratiques qui, indubitablement,  sont dégradantes pour l’image des journalistes.

Cependant, ce combat ne peut être mené et surtout gagné que dans le cadre d’un pari plus vaste : celui de la professionnalisation de la presse togolaise. Cela induit des journalistes mieux formés ainsi qu’un environnement économique plus favorable dans lequel ils sont davantage intégrés. La grève inédite qui se déroule chez nos confrères du quotidien Liberté est symptomatique de la rareté des ressources et de l’étroitesse du marché publicitaire.

Elles  expliquent en partie le recours à ce qui dans la corporation, est appelé pudiquement « per diem » ou ironiquement « communiqué final »  qui est l’argent versé par les organisateurs des évènements aussi bien aux journalistes et assimilés des médias d’Etat que du privé, et officiellement destiné à prendre en charge leur déplacement. Il est bien évident que malgré toute sa bonne volonté et dans un environnement économique comme le nôtre, aucun média ne pourra couvrir à ses propres frais tous les évènements auxquels il est invité.

La fin des « gombos » passe donc aussi par une réflexion sur les questions liées à la viabilité des organes de presse, à la convention collective, au renforcement de l’aide de l’Etat à la presse ainsi qu’à la mise en œuvre effective du fonds d’aide aux médias. Engageons le ministre à soutenir les initiatives qui y concourent.