Si loin, si près

0
1734

C’est deux  greniers à blé du monde, l’Ukraine et la Russie, qui s’affrontent après  que le premier ait  attaqué le second le 24 février dernier. Depuis, la guerre qu’impose Vladimir Poutine à cette démocratie européenne provoque l’envolée des cours de cette céréale, au cœur de l’alimentation de nombreuses populations à travers le monde. Si le conflit semble lointain pour les Africains, ils ne sont pas pour autant épargnés par la flambée des prix sur les marchés mondiaux.

De fait, les gouvernements du continent restent très attentifs à l’évolution d’une situation vis-à-vis de laquelle, ils affichent   en grande majorité  une position prudente de  neutralité, en témoigne leur vote à l’Organisation des Nations Unies (ONU) à New-York, auquel le Togo a choisi par exemple de ne pas participer. Il faut dire que de nombreux pays importent chaque année des tonnes de blé d’Europe : du blé tendre, utilisé essentiellement pour fabriquer du pain, et du blé dur, base de la composition des pâtes notamment.

Au Togo, le principal fournisseur de cette céréale est la Russie avec plus de 60% des importations, représentant environ 6 milliards FCFA en 2020. Le Ghana qui fournit à notre pays quant à lui l’essentiel de la farine de blé, s’approvisionne lui-même en Russie. Autant dire que les tensions d’approvisionnement constatés déjà ça et là dans le monde, avec une hausse des prix du prix de blé et donc du pain, produit de première nécessité dans de nombreux pays, pourraient impacter le coût de la constitution du panier de la ménagère.

L’Etat devra donc maintenir et renforcer les mécanismes d’aides et de subventions aux biens alimentaires, même si c’est au risque d’un alourdissement  des dépenses publiques.  C’est un prix qu’il faut accepter de payer pour amortir les effets de la vie chère déjà ressentis et dénoncés  par les ménages et surtout pour préserver la paix sociale.  En effet, de nombreux spécialistes annoncent plusieurs catastrophes mondiales si la guerre devrait s’installer dans la durée.

Notamment un risque de famine jugée  d’ailleurs imminente et de sous-nutrition susceptible de  toucher 8 à 13 millions de personnes ;  les conflits et la faim étant étroitement liés, lorsque l’un s’intensifie, l’autre suit généralement. Les fragiles équilibres sociaux de nos états pourront donc être ébranlés.   Il faut espérer que la voie d’une solution pacifique de ce conflit lointain  s’impose  sans délai,  et gager surtout que nous gouvernants en anticipent les conséquences.