Un scenario presqu’à l’inverse, un 23 mars 2023. Une date qui restera sans doute marquée dans l’histoire de la fratrie Gnassingbé et plus généralement dans la conscience collective de l’opinion intéressée de près ou de loin, par un dénouement de la crise opposant le Chef de l’Etat Faure Gnassingbé à son demi-frère Kpatcha. Soit 14 ans après un autre événement qui avait failli tourner au drame politico-familial. On était de fait, le 15 avril, trois jours après la célébration pascale, en 2009. Une date qui rimait avec le début de la descente aux enfers de Kpatcha et qui couronnait un raid mené contre son domicile dans la nuit pascale.
Le développement survenu récemment à l’envers, l’évacuation de Kpatcha Gnassingbé vers Libreville pour raison de santé, selon des indiscrétions, c’est de toute vraisemblance un coup de tonnerre dans un ciel totalement serein. Après plusieurs années en détention pour avoir été reconnu coupable de « tentative d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat », l’ex- ministre de la Défense et plus tard, député, trouvera « un pied-à-terre ». Arrêté bruyamment, il sera extrait et transféré vers le pays d’Ali Bongo où l’arrivée du frère de Faure a été confirmée.
Sans le moindre communiqué du Procureur de la République précisant la nature ni les motivations de l’évacuation si c’en est vraiment une ni une quelconque décision judiciaire lui accordant une liberté provisoire ou conditionnelle. Laissant place à des spéculations.
Mais il faut avouer que l’illustre détenu doit bien avoir un « destin » – nous nous autorisons de paraître non cartésiens à dessein -, avec la célébration de la résurrection du Christ. Si des années auparavant, la célébration de cette fête avait été témoin du début de ses ennuis, cette fois-ci, elle lui offre à nouveau l’occasion de respirer l’air bien frais.
Bon débarras pour Faure Gnassingbé ? Une chose est sûre, l’ex-député de la Kozah, jugé, condamné et placé en détention depuis des années pour tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat, ne semblait point représenter une quelconque menace pour le Chef de l’Etat. Et évoquer une contrainte juridico-judiciaire pour interpréter le consentement de Faure Gnassingbé à ce transfert reviendrait à se fourvoyer. Complètement !
Pour rappel, même les avocats de Kpatcha ont été surpris par ce nouveau développement, signe qu’ils n’ont pas été initiateurs d’une quelconque procédure ayant entraîné cela. Soit dit en passant, ils avaient épuisé leurs moyens de recours dans ce dossier, sans suite.
Ceci étant, devrait-on pavoiser hic et nunc ? Trop tôt, même s’il est aisé de percevoir à travers cette actualité, le signe d’un début de dégel.
Tout le mérite en revient donc à celui qui a permis cette évacuation. Et, sans doute, à Ali Bongo dont la diplomatie se révèle payante dans ce dossier politico-juridico-familial et qui compte œuvrer à un total rapprochement des deux frères.