Affaire Madjoulba: l’heure du grand déballage ?

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C’est un procès très attendu, celui qui s’est ouvert lundi 23 octobre dernier, d’abord par la famille survivante de Bitala Toussaint Madjoulba, commandant du premier bataillon d’intervention rapide (BIR), assassiné dans son bureau, peu après l’investiture de Faure Gnassingbé à laquelle il venait de prendre part, ensuite par toute la population.

Un procès dont les souvenirs les plus récents peuvent rappeler celui de Kpatcha Gnassingbé et coaccusés il y a environ 15 ans. Tant en raison de la soif de vérité et de justice des populations qu’en raison des personnes citées à comparaître ainsi que de tout le dispositif sécuritaire imposé à l’entrée du palais de justice. Le Général de division Félix Kadangha, ex-chef d’Etat major des Forces Armées Togolaises (FAT), le Commandant Atèkpè et bien d’autres…

C’est une certitude que si la personnalité de l’illustre disparu – un colosse – invite à rechercher la vérité et à réclamer justice, celle des accusés, Félix Kadangha, plus exactement pour complicité d’assassinat, complicité d’entrave au bon fonctionnement de la justice, complicité d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, intrigue.

Qui a assassiné le Colonel Toussaint Madjoulba ?  Quels sont ses mobiles ? Qui sont tous ses complices ?

A l’issue d’une enquête de trois ans et de l’inculpation du Général Kadangha et consorts, le chemin est pavé vers la découverte de la vérité. Cette vérité…qui devra baliser la voie à la justice…afin que sur la terre de nos Aïeux, « il n’y ait plus jamais ça ! ».

Un procès inédit donc, une symbolique à plusieurs points de vue ; en termes de lutte contre l’impunité parmi les forces de défense et de sécurité, une symbolique en termes d’inauguration de la justice militaire, et qui renvoie le message selon lequel, tous, civils comme militaires, civils comme hommes en tenue, sont des justiciables.  Mais pas que.  C’est également un signe que cette justice ne sera pas une justice à double vitesse. Aussi, un message annonçant la fin de l’immunité de fait dont jouissaient les hommes en uniforme, surtout certains officiers de l’armée.

En toute hypothèse, ce procès opposant le Ministère public …au Général Kadangha devrait révéler beaucoup de choses, surtout avec les éventuelles confrontations attendues entre accusés, qui devraient permettre de faire remonter à la surface, des secrets et autres. Qui a fait quoi dans ce funeste projet ?

Si le Général Félix Kadangha n’est pas l’auteur présumé du crime à en juger par le courrier adressé à son conseil et où il est présumé « complice » de toutes les infractions listées, la curiosité des uns et des autres s’aiguise davantage à l’idée d’identifier ou de connaître l’auteur de l’assassinat de l’ex-commandant du BIR, ou encore le commanditaire de cet acte. Ceci, dans une perspective de manifestation de la vérité sur ce qui ressemble à un assassinat odieux.

De fait, la probabilité que l’auteur de l’acte soit quelqu’un d’autre devient ainsi forte et il faudrait, que par la disposition des choses, toute personne susceptible d’apporter un peu de lumière, un peu d’éclairage et qui est citée, puisse comparaître pour livrer sa part de la vérité.

Déjà lundi, le ministre d’Etat, ministre chargé du secteur de l’eau Général Yark Damehame, ex-tout puissant ministre de la Sécurité, a été cité à comparaître, pour avoir dirigé l’enquête dont les conclusions incriminent les mis en accusation. En de pareilles circonstances, l’on devrait s’attendre au grand déballage sur le rôle présumé et sur la part de responsabilité de chacun des accusés dans l’exécution de ce funeste projet.

Que la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, soit dite au cours de ce procès. C’est à ce prix que justice sera faite.