« J’ai juste voulu y faire un passage mais je l’ai finalement adopté comme métier »
Découvert par le public grâce à ses dessins, Donisen Donald de son vrai nom Aklassou Kossi Donald est dessinateur, caricaturiste et responsable de Donisen Production. Il s’est confié au journal Focus Infos pour faire découvrir son art. Lecture !
Focus Infos : Tu peux nous en dire un peu plus sur ton métier ?
Donisen Donald : La caricature c’est tout un art. C’est l’art de représenter quelqu’un en le déformant de façon à susciter de la moquerie, de l’ironie mais pas forcément à titre péjoratif. Mais l’essentiel est que cette personne soit reconnaissable. La caricature fait partie des genres journalistiques. Dans la presse, on l’appelle « dessin de presse » et elle sert souvent à passer une information. Elle pallie l’utilisation des mots pour décrire ou analyser une situation.
FI : Pourquoi avoir choisi d’évoluer dans la caricature ?
DD : Je n’ai pas choisi d’évoluer dans la caricature. Au début j’ai juste voulu y faire un passage mais je l’ai finalement adoptée comme métier.
FI : Est-ce qu’il y a une caricature qui t’a laissé un souvenir plus marquant que d’autres ?
DD : Il y a beaucoup de caricatures qui m’ont marqué mais il y a deux qui me reviennent plus souvent. Celle représentant les opposants voulant kidnapper le président Faure afin de l’empêcher de participer au sommet sur la sécurité maritime à moins qu’il n’opère les réformes ; qui nous a valu une convocation au niveau de la HAAC pour incitation au terrorisme. Et aussi celle qui représentait le ministre Gilbert Bawara à genoux demandant pardon à l’ancien président nigérian Umaru Yar’Adua qui a suscité la colère du ministre à l’époque.
FI : A part la caricature, quelles sont les œuvres que tu réalises ?
DD : Je faisais de la peinture mais plus maintenant. Je fais des bandes dessinées mais pas des productions personnelles et je pense me lancer bientôt dans les dessins animés.
FI : Quelle relation existe-t-il entre la caricature, les BD et les dessins animés ?
DD : Le point commun à ces trois arts est en premier lieu le dessin. La caricature, consiste à faire un dessin figé d’un personnage en général, ce sont plus les portraits déformés. La bande dessinée consiste à créer une succession d’images figées reliées sous forme de bande, c’est pour ça même qu’on parle de bande dessinée ; elle raconte une histoire basée sur un scénario et est réalisée sur un support papier. Alors que le dessin animé rassemble des dessins figés manipulés pour les rendre vivants, bref un dessin qui parle, bouge et vit. Le dessin animé respecte le même principe qu’au cinéma, d’où le nom de cinéma d’animation.
FI : Quelles sont les œuvres à ton actif ?
DD : Mes œuvres personnelles sont très peu. En 2017, j’ai fait éditer un recueil des caricatures que j’ai réalisées, recueil intitulé « Cari Actu » et préfacé par Nicolas Berlanga Martinez, ambassadeur de l’Union Européenne au Togo à l’époque. Outre ce recueil, il y a des bandes dessinées que j’ai faites pour des institutions à l’instar de celle du ministère de l’urbanisme dans le cadre du projet PURISE titré « Après l’inondation, le Purisme ». J’ai fait des illustrations des œuvres pour enfants aussi bien sur le plan national qu’international et aussi des affiches de sensibilisation contre l’Ebola, le Sida…
J’ai réalisé des caricatures pour plusieurs presses comme SIKAA, Golfe Info, Liberté, Focus Infos et aussi pour des sites en ligne.
FI : Quels sont les prérequis pour être un bon caricaturiste ?
DD : C’est un peu difficile de juger si un caricaturiste est bon ou pas parce que l’œuvre que tu réalises peut accrocher certains et d’autres non. Il faut toutefois avoir la capacité de faire reconnaitre la personne représentée par le public et pour ça, il faut d’abord être un dessinateur et savoir faire des portraits, ensuite savoir reconnaitre les traits particuliers caractéristiques d’une personne et savoir les déformer. Et pardessus tout, avoir un sens de l’humour.
FI : Y a-t-il un réel engouement du public togolais à l’endroit de vos œuvres ?
DD : Peut-être que maintenant l’engouement a un peu baissé à force de représenter toujours les mêmes acteurs socio politiques. Mais généralement , l’engouement est grand car beaucoup de lecteurs des presses où j’interviens avouent que les premières pages qu’ils visitent lorsqu’elles prennent les journaux sont les pages avec caricatures avant de revenir au texte.
FI : Est-ce que cet art fait vivre son homme ?
DD : Moi, je vis de mes dessins; donc je pourrai dire que je vis de mon art. Même si ce ne sont pas des millions que je gagne, je subsiste avec et j’arrive à nourrir ma famille avec donc je vis de mon art.
FI : Quels sont les projets en cours ?
DD : Je suis en train de travailler pour installer mon studio d’animation et former l’équipe compétente pour y animer mes caricatures afin qu’on puisse les voir sur les écrans. Et aussi des projets de voyager afin de tisser des partenariats à l’étranger comme en Côte d’Ivoire et au Nigéria. Merci.